Le clap de fin
Le fait qu’au cours du mouvement des Gilets jaunes, les interventions de Temps critiques ont été plus reprises (Lundi matin, Ni Patrie ni frontière, A contre temps, L’herbe entre les pavés, etc) nous incite à préciser un certain nombre de choses car même si tous ces sites ou revues se sont manifestés par des références bienveillantes ou/et par une reprise intégrale de nos textes, il n’en est pas moins nécessaire de lever quelques ambiguïtés apparues ici ou là. La principale étant liée à la difficulté de saisir la position de la revue Temps critiques par rapport au mouvement dans la mesure où venait s’y ajouter, surtout à partir de Lyon, l’existence d’un autre type d’intervention de notre part au sein d’un groupe encore plus informel que celui qui préside à l’existence de la revue, autour d’un « journal de bord » de lutte accueillie sur le blog de Temps critiques.
Si les membres de Temps critiques sont intervenus dans le mouvement des Gilets jaunes c’est parce qu’ils lui ont reconnu un caractère d’évènement au sens fort, imprévu et stupéfiant à bien des égards. Un soulèvement contre le pouvoir politique ne correspondant à rien de connu dans sa forme comme sur le fond. D’où le désarroi qu’il a pu susciter aussi bien de la part du pouvoir politique que des groupes politiques censés posséder les cartes théoriques permettant d’anticiper les situations de crise ou révolutionnaires.
Très vite, nous nous sommes aperçus que ce soulèvement contenait une dynamique dépassant à la fois les revendications conjoncturelles d’origine et les modes habituels d’action. C’est cette dynamique qui explique sa durée et aussi le nombre de brochures que nous avons produites à cette occasion et qui suivent son évolution puis essaient d’anticiper son devenir. Mais, à la limite, c’est ce que nous faisons pour beaucoup de lutte et cela n’explique pas le fait que nous ayons eu une réception beaucoup plus importante de ces brochures auprès d’un large éventail de protagonistes du mouvement, bien au-delà de notre habituel influence qu’on pourrait dire captive et réduite à un petit milieu qu’on le veuille ou non. Cette réceptivité particulière était due aussi au fait que ces brochures étaient le produit non seulement de l’activité critique de Temps critiques, mais de la pratique du Journal de bord entretenue par une quinzaine de personnes, pour la plupart extérieure à Temps critiques dont seuls trois ou quatre connaissaient l’existence. Le Journal de bord avait pour but, a minima, dans un premier temps, de rendre compte le plus fidèlement possible de toutes les actions sur Lyon et le département, en y participant. Une participation amorcée dès le 20 novembre sur le rond-point de Feyzin. Nos interventions dans les manifestations du samedi, les AG du lundi soir, dans les commissions en semaine et particulièrement dans la commission action et notre participation aux actions coup de poing, ont fait que progressivement le « Journal de bord » a été perçu, pour le reste du mouvement, comme un groupe plus ou moins formel pouvant mobiliser, pour diverses actions une cinquantaine de personnes et dont les réunion chez l’un d’entre nous en brassaient à chaque fois une trentaine. Puis, à partir de mai, nous avons été peu ou prou reconnu comme une sorte de groupe Gilet jaune parmi d’autres, ce que pourtant nous ne voulions pas être, mais qu’il était difficile de masquer du fait de nos interventions qui tiraient dans un même sens et s’avéraient parfois, à tort ou à raison, comme coordonnée : et de refuser à partir du moment où nous étions sollicités par les groupes Gilets jaunes à participer à l’organisation du mouvement et à ses prises de décision (ce fut le cas pour la préparation d’une interdépartementale en mai) après que nous ayons œuvré pendant environ un mois en tant que passerelle « neutre » ou en tout cas extérieure (et à leur demande), à une nouvelle unité des groupes de Gilets jaunes dont l’éclatement était de plus en plus évident et s’avérait rédhibitoire.
C’est tout ce travail développé dans un mouvement qui atteignait à ce moment, comme on l’a dit dans un supplément Temps critiques, sa ligne de crête, qui s’est par la suite avéré, si ce n’est vain, un échec, en bout de course, dans un moment où le mouvement subissait une retombée de mobilisation spectaculaire et une absence de perspective que rendaient encore plus évidente son isolement ou les tentatives d’instrumentalisation à son égard de la part des militants climat ou de certaines fractions syndicales ou encore d’antennes politiques comme Fakir avec son OPA sur le RIP AdP proposé en ersatz du RIC…
La masse des Gilets jaunes n’étant plus là, les AG se réduisant à peau de chagrin, les actions ne correspondant plus qu’à des initiatives de petits groupes guidés par leurs affects ou des questions de concurrence si ce n’est de pouvoir, le summum étant atteint autour du 14 juillet, nous avons alors commencé à « décrocher » et à ne plus répondre collectivement ni publiquement aux groupes qui nous sollicitaient encore, pour à la fois ne pas alimenter les polémiques et prendre des distances par rapport à ce qui nous paraissaient des dérives de fin de mouvement.
C’est sur cette base inchangée que nous nous sommes réunis en tant que Journal de bord le jeudi 5 septembre, d’où il est ressorti (cf. infra la synthèse de la réunion) une auto-dissolution du Journal de bord pour des raisons que nous expliquons.
Cela ne préjuge aucunement de positions individuelles à venir des ex membres de Journal de bord, mais pour les membres de Temps critiques qui y participaient à ce n’est plus pour nous un mouvement mais un processus de décomposition. Cela n’empêchera pas la revue de continuer son activité critique dans cette direction comme le montre la parution actuelle d’un supplément n°8 au numéro 19 de la revue. Mais de par le titre même de cette brochure : « Un analyseur de la crise de reproduction des rapports sociaux capitalistes : les Gilets jaunes« , il est facile de comprendre que l’analyse se développe ici dans un cadre plus théorique général et moins dans une intervention pratique au sein d’un mouvement des Gilets qui, en tant que tel, pour nous, n’existe plus même si différents groupes continuent à lancer des appels et à se manifester ici et là et plus ou moins au nom des Gilets jaunes.
>>Page récapitulative de tout les écrits sur le mouvement des Gilets jaunes
Compte-rendu de la réunion du Journal de bord du 5 septembre
Onze présents.
Gzav, à l’initiative de la réunion a proposé un bilan de l’été puisque certains d’entre nous n’étaient pas là à ce moment et que la situation a encore évolué avec ce qui s’est passé au contre-G7 de Biarritz, et à Lyon même par exemple avec la dernière action du lundi 2 en soutien aux décrocheurs de portraits de Macron qui passaient au tribunal. Il n’a pas été difficile de faire le lien entre le général et le local puisque, dans les deux cas, on a pu voir se développer des pratiques de manipulation politique de la part de groupes comme Alternatiba, ANV-COP21 et Attac sur les bases d’un consensus pour des actions non violentes, des dialogues avec les autorités sur fond idéologique de verdissement du jaune au sein d’un ensemble rassemblant une proportion inversée de militants par rapport aux débuts du mouvement en octobre-novembre 2018. Ch. est le seul parmi nous à avoir vu l’action de lundi comme une certaine réussite, au moins du point de vue de la communication, aussi bien vis-à-vis de la couverture médiatique que du lien que ça maintiendrait entre les Gilets jaunes et leurs proches, puisqu’il reconnaît par ailleurs qu’il n’y a plus que ça avec une distorsion de plus en plus grande entre les appels à mobilisation et la réalité de celles-ci.
J. fait alors remarquer qu’un bilan de l’été ne doit pas occulter le fait qu’une cassure s’était produite bien avant l’été, dans le mouvement et dans notre rapport au mouvement et que l’on ne peut faire de l’été le bouc émissaire facile de sa décroissance continue. D’ailleurs, un bilan plus général avait déjà été fait en juin nous amenant à prendre une certaine distance avec ce que nous ne considérions plus que comme des restes du mouvement, sa tendance à la groupuscularisation, la sourde violence qui animait ces réunions et les dérives de toute sorte de fractions prenant des initiatives plus ou moins secrètes et les faisant ensuite endosser aux autres ou les sommant de s’y joindre sous peine d’accusation de trahison. Le summum de la situation ayant été atteint avec les préparatifs autour du 14 juillet et particulièrement avec le tract d’Act-Article 35.
Certes, à ce moment-là une majorité d’entre nous a refusé de répondre publiquement au groupe Article 35 qui nous accusait de maltraiter son initiative. En effet, nous ne voulions pas aviver les tensions internes cela aurait pu être perçu à l’extérieur comme une querelle entre groupes, alors justement que toute notre action des deux mois précédents avait visé à les apaiser pour retrouver une unité dans les objectifs comme dans les types d’action. Toutefois, nous avons prévenu les autres groupes du danger de grave confusion de l’action en question au cours d’une mini réunion de la commission action (la dernière sans doute).
Ceci combiné à l’explosion de TEO et sa transformation en groupe activiste cultivant le secret d’une part et le retrait sur l’Aventin que constituait le rond point artificiel de l’hôpital de la Croix-Rousse pour Lyon-centre d’autre part, ça faisait décidément beaucoup de gouttes d’eau pour que le vase ne débordât pas. Pour certains d’entre nous, il est apparu temps de dire que le mouvement était bel et bien mort quelles que soient ces tentatives de revival comme le dernier en date où un certain Louis que personne ne semble connaître physiquement, mais au profil Facebook bien rempli, appelle à une manifestation nationale à Lyon le 14 septembre, en liaison avec Nantes.
À notre dernière réunion élargie du « Journal de bord », peu après la réunion interdépartementale des délégués des groupes Gilets jaunes à laquelle nous avions été conviés et peu avant le vote en AG pour les délégués à l’assemblée des assemblées de Montceau-les-Mines où certains (du cercle extérieur des « jeunes » plutôt que du cœur du « Journal de bord ») avaient suggéré de nous présenter pour être dans la délégation et avoir un droit de regard, Ju et Yann B. avaient non seulement affirmé leur désaccord, mais Ju avait avancé l’idée qu’il fallait nous retirer tout bonnement et simplement du mouvement vue la tournure des évènements. Mais la critique de Ju était encore trop une critique limitée à la critique de Lyon-centre et de sa tentative de confiscation du mouvement. Jacques lui avait répondu qu’il était toujours délicat de choisir le moment de la rupture et que la critique des limites et du déclin du mouvement ne doit pas se traduire par le coup de pied de l’âne, qu’il est parfois nécessaire « d’accompagner » une fin, que les autres groupes étaient encore vivaces dans la mesure où on continuait à s’illusionner sur Article 35, les nouveaux de TEO et les isérois dont la radicalité de leurs discours et de leur volonté d’action nous cachait le peu de transparence et de fiabilité qui les caractérisaient.
En sommes-nous encore là ? Non pour Ju, J., Dal et Gzav au moins.
Cette position assez ferme n’est pas partagée par tout le monde au sein de la réunion et il semble même que ce qui prédomine soit l’absence d’une prise de position, disons politique (ce qui nous réunissait de fait jusque-là, accord non pas idéologique, mais sur l’appréhension du mouvement, notre action à l’extérieur comme à l’intérieur), au profit d’une approche plus individuelle basée finalement sur le ressenti et les affects (continuer à voir les camarades dira l’un, retarder ses projets de voyage pour attendre de voir ce qui va se passer en septembre dira un autre) et disons-le sans sens péjoratif, la foi du nouveau converti qui le fait friser le militantisme sans s’en rendre compte. Le cri du cœur de Yann B : « Mais alors que faire dans ces conditions ? » (sous-entendu, si votre point de vue à vous est plus juste) vient se briser sur ce qui peut apparaître au pire comme le cynisme de J. au mieux comme une remarque désabusée : « Rien ; et de toute façon il ne se passe jamais rien en septembre ». Ce que J. voulait marquer de façon si abrupte, c’est justement la discontinuité des cycles de luttes et des mouvements. Et cette discontinuité est d’autant plus forte quand on a affaire à un mouvement qui a fait « évènement » au sens fort et qui a de ce fait été contraint de vaincre ou mourir puisque c’est le traitement que tous les États leur réservent avec plus ou moins de violence en fonction de leur plus ou moins grand respect des règles de droit. C’est justement cette discontinuité qui tranche avec les actions syndicales ou militantes caritatives qui reposent sur la continuité et le militantisme, l’organisation, le sérieux, la discipline.
Dans cette mesure, l’utilité d’abord et l’aspect relativement collectif ensuite du Journal de bord sont remises en cause ou au moins perdent de leur pertinence aussi bien parce que le bateau semble maintenant revenir à quai (on n’a plus besoin d’un guide de navigation), que parce qu’il devient difficile, pour nous, ses protagonistes, d’entretenir un rapport cohérent entre objectivité de la lutte (elle devient évanescente) et subjectivité des individus qui y ont participé ou y participent encore (elle est encore plus ou moins exacerbée ou alors elle sombre dans la déprime).
Dit de façon plus vulgaire : maintenant tout le monde y fait comme il le sent !
Ce compte-rendu constitue donc a priori le dernier témoignage du « Journal de bord ». Il ne se veut pas le reflet exact de ce qui s’est dit hier à la réunion, une simple transcription (un magnéto aurait suffi). Il brode (conte) une histoire de fin qui n’est pas la fin de l’Histoire, qui n’est pas la fin des luttes mais la fin d’un mouvement.
La liste de diffusion qui l’accompagnait n’a plus non plus de raison d’être en tant que lien systématique, ce qui ne préjuge rien de son devenir, sur une base sans doute plus réduite, en tant que moyen de liaison occasionnel entre « amis » d’une autre sorte et on peut espérer, d’une autre qualité, que ceux de Facebook. Cette liaison éventuelle n’a d’ailleurs pas de raison de ne pas concerner d’autres domaines comme quand, par exemple, Y.D. nous envoie la partie tronquée de l’interview de Vaneigem dans Le Monde.
Compte rendu des actions du 17 août 2019
14h Place Antonin Poncet
Une soixantaine de Gilets jaunes se retrouvent petit à petit. Certains proposent d’aller à Fourvière placer une banderole déjà prête (vu la grandeur c’est plus que nécessaire) en soutient au mouvement hong-kongais. Départ par petit groupe sans les gilets.
Vers 15h nous sommes assez sur l’esplanade de Fourvière pour entamer la mise en place de la banderole proposée. Peu on remit le gilet tandis que se faisait l’opération devant les militaires de « l’opération sentinelle » qui semblent prévenir la police sans intervenir eux-même. Ces derniers mettent du temps à arriver, ce qui convient à tous le monde. Tout de même un « éclaireur » de la police vient dire que c’est un lieu privé et que si la banderole n’est pas enlevée il reviendront avec le nombre pour intervenir. Les présents sont bien décidés à tenir et en réalité plus d’une heure après la banderole est toujours suspendu. A noter à un moment les slogans hostiles à une personne en particulier de Lyon centre qui venait voir qui se faisait là…
On finit par partir en direction des 24 colonnes : accrochage d’une grande banderole « Castaner nous a tués. Zineb, Steve… à qui le tour ? » sur la barrière du palais.
Une petite heure, assis, des flics en civil nous épient de loin. Quelques cris leurs sont destinés.
A un moment, certains Gilets jaunes décident d’en prendre un en filature. Caquètements, mimes, le flic garde son calme : une scène comique à souhait.
Retour à A. Poncet vers 18h, rassemblement entre gilets jaunes.
A noter un article dans le Progrès qui parle brièvement de l’action du jour.
CR action du samedi 3 août
Rendez-vous implicite habituel à 14 h à Antonin-Poncet. Quelques discussions avant de se diriger vers les « 24 colonnes » à une centaine pour un hommage à Steve. Des Gilets jaunes en majorité, mais aussi des soutiens spécifiques à l’action pour Steve et contre la répression en général. Un véhicule de police est entouré par les manifestants qui cherchent une voie entre la dénonciation virulente des exactions policières et une tentative de dialogue avec eux sur la base des milliers d’heures sup non payées. Pendant que nous occupons les gradés, et que certains d’entre nous se protègent du soleil, une dizaine de membres de la police nationale et leurs voitures bloquent la circulation sur le quai de façon à garantir au maximum notre invisibilité.
Après une minute de silence à la mémoire de Steve, la manif prend la direction de Saint-Paul et de la permanence du député LRM de la 1re circonscription, Rudigoz, où une provision d’œufs et de tomates a été rassemblée qui va servir de projectiles lancés sur la façade après la pose d’une affiche sur la permanence. Les policiers déboulent, mais ramollis par la chaleur ils ne se montrent guère offensifs et tout cela se termine par des déambulations dans Saint-Jean et au jeu du chat et de la souris.
L’action est quand même assez réussie.
Le matin des GJ du groupe Lyon-centre, en lien avec ceux de l’Isère (une centaine environ) et particulièrement de Vienne, ont lancé une opération de levée de péage à Reventin, mais c’est un échec, car les forces de l’ordre sont présentes dès le début et les dispersent. Ils se replient alors sur l’A42 à hauteur du péage de Beynost et ils réussissent temporairement la levée du péage
Compte-rendu de l’action du 27 juillet 2019 place Bellecour
À 18 h nous étions plus nombreux qu’à 14 h à Antonin-Poncet. Nous avons attendu les derniers arrivants et un petit groupe s’est déplacé discrètement vers la statue équestre de Louis XIV sur la place Bellecour. La base de celle-ci a été recouverte de film noir. Une voiture de police s’est avancée vers nous pour finalement ne pas intervenir. Deuxième phase : scotchage de photos de Zineb et Steve et autres messages sur le même sujet. Ça avait de la gueule et quelques journalistes sur place ont pris des photos. Nous quittons la statue cinq minutes et revenons d’urgence quand nous comprenons qu’une dizaine de flics enlèvent notre œuvre. Proximité tendue entre nous et eux. Nous scandons « Où est Steve ? » et autres… Après discussion avec la capitaine, ils se retirent et se postent loin de nous. Une dizaine de voitures de police a alors tourné autour de la place. Nous étions à peine une trentaine. Une banderole de fortune, avec deux trois affiches collées, est à nouveau tendue. Les Gilets jaunes se prennent en photo. Satisfaction partagée. Action bien plus productive, qu’une ribambelle de vingt Gilets jaunes qui déambulent ces dernières semaines.
Discussion avec des passants sur « qui est Steve » et on apprend par une autre discussion avec des Gilets jaunes présents sur le rond-point de la Croix-Rousse qu’une balle a été tirée d’un immeuble voisin.
CR des actions de samedi 20/07/19 à Lyon
Une douzaine de personnes au RV des 24 colonnes pour manifester à l’appel de différents groupes (Appel FB) contre les violences diverses de la police (banlieues, Nantes, contre les GJ). Visiblement aucun de ces groupes n’est présent confirmant leur caractère de coquille vide juste bonne à relayer des appels. Des petites affiches contre la répression policière sont mises contre les grilles du Palais de Justice, mais les personnes qui passeront avec une demie- heure de retard s’apercevront que les affiches ont déjà été enlevées. D’ailleurs une voiture de police et une voiture banalisée stationnent devant le Palais.
Nous nous retrouvons à 30-40 place A. Poncet un RV finalement voté par l’assemblée de Lyon à la Bourse le lundi 15 juillet en vue d’action de levées de barrière dans les hôpitaux en appui de la toujours potentielle mobilisation des hospitaliers et soi-disant avec l’appui du syndicat SUD qu’on attendra vainement. Comme d’habitude, le travailleur du bâtiment spécialisé dans l’annonce aux Gilets jaunes des luttes hospitalières essaie de « vendre » son action et se plaint de ne pas être écouté. Aucun rapport avec l’action aux 24 colonnes ! Et en plus, la presque totalité des présents ne répond pas à l’appel de l’AG, mais à l’habituel RV du samedi 14H qui s’est légèrement décalé depuis deux mois, de la place Bellecour à Antonin Poncet à cause de la sanctuarisation de Bellecour par les forces de l’ordre. La confusion règne parce qu’un membre de Lyon-centre distribue des pancartes contre la répression policière comme si il y allait avoir une manifestation dans l’hyper-centre, alors que la première action proposée est celle pour la levée des barrières de parking et comme par hasard celles de l’hôpital de la Croix-Rousse, « QG » des Gilets jaunes d’après Le Progrès. Une quinzaine de personnes semblent finalement s’y rendre tandis qu’une dizaine se rend en métro à HEH où elles sont rejointes par une quinzaine d’autres, venues en voiture.
Une fois les barrières ouvertes, des tracts sont distribués aux usagers qui quittent l’hôpital, avec une pétition à signer. L’impression de ces documents constituait la participation des syndicats à l’opération. Au bout d’une heure, une partie des participants se sont rendus à HFME pour affecter un troisième hôpital. Plusieurs centaines de signatures seront ainsi obtenues dans l’après-midi pour demander la gratuité des parkings pour les usagers.
Écoeurés, une quinzaine de Gilets jaunes continuent de discuter un moment avant de se disperser. D’autres se dirigent avec des pancartes anti-répression qui sont très regardées vers le commissariat de l’opéra où ; là ; ils scandent : « Où est Steve » en référence avec le disparu de Nantes pendant la fête de la musique. Un manifestant est contrôlé puis embarqué par la police, prétendument pour des tags. Retour vers A. Poncet à 16 H-16h30. Discussions pendant une bonne heure puis dispersion sans problème.
Compte-rendu de la manifestation du 13 juillet à Lyon
Une soixante de personnes sous les quelques arbres de la place Antonin-Poncet. La place Bellecour est de nouveau accessible, mais un peu d’ombre fait du bien par ces chaleurs estivales. Aucun objectif se décide et nous embrayons sur la rue de la République suite à l’invitation du groupe Article 35 de se rendre devant le Printemps, car il organise un « live » en lien avec l’appel de la marche des oubliés prévue le lendemain. Arrivé là-bas, c’est le flop. Nous apprenons que l’un des principaux organisateurs est absent, car malade, et le matériel prévu (banderoles et sono) fait défaut. Nous poursuivons donc notre route. Au niveau des Cordeliers, nous bifurquons en direction du pont Lafayette. Léger incident avec une jeune conductrice ayant invectivé quelques Gilets jaunes au passage du quai Jules-Courmont. À l’entrée du pont se pose la question : que faire ?
La proposition d’un tour à la Part-Dieu est vite abandonnée et l’on décide de prendre la direction de l’Hôtel de Ville. La curiosité nous amène à nous détourner de l’objectif, car un hélicoptère de la marine nationale est installé au milieu du pont Morand, ouvert à la visite, en marge du défilé militaire ayant eu lieu le matin. Les policiers nous voient arriver sur le pont d’un mauvais œil et quelques minutes plus tard, on aperçoit du quai 2 ou 3 véhicules des FO qui foncent vers nous. Manque de bol, le pont est bloqué de chaque côté par des véhicules de police et du plan Vigipirate, donc ils doivent faire le tour un peu plus haut. Nous passons tranquillement devant les installations et certains entament quelques échanges avec un des gradés, car « l’armée est l’alliée des GJ » nous disent nos compagnons de lutte ! Nous arrivons place Lyautey. Un point de fixation se forme faute d’objectif motivant. Les véhicules de police finissent par arriver mais ne tentent rien, car la situation est très calme dans les rangs. Finalement, retour vers la Presqu’île et nous redescendons la rue de la République dans un silence consternant. Un bacqueu et quelques GM nous suivent de près mais les travaux ne leur facilitent pas la tâche. Peu avant le Printemps, nous retrouvons 3 personnes d’Article 35 qui se sont finalement reportées sur une opération communication en direction des passants pour le lendemain. Le Printemps, comme lors de notre précédent passage, ferme ses portes un court instant… Finalement une idée surgit qui ravive un peu la motivation de la troupe. Faire une action à la Fnac. Malgré tout, place de la République nous perdons quelques personnes sans trop savoir pourquoi. Moitié moins, c’est une vingtaine de GJ sans gilets qui s’introduit dans le magasin par l’entrée principale puis se regroupent dans le hall. L’attroupement sème la panique chez les vigiles qui restreignent l’entrée immédiatement. Faute d’idée et surtout de motivation, nous sortons peu après dans le dispositif mis en place par les vigiles pour filtrer. On entendra à la question d’une dame, un vigile répondre : c’est des Gilets jaunes en civil ! Ne voulant pas en rester là, nous nous attroupons autour de l’entrée et les grilles finissent par descendre. Enfin, nous nous rendons rue Bellecordière du côté de l’autre entrée et tentons la même chose mais le vigile est déjà présent et laisse sortir uniquement. Fatigués, nous restons à une petite dizaine à discuter pendant près de 1 h 30 puis décidons de nous disperser. Il est aux environs de 18 h 30.
CR AG départementale du 8/07/2019
Environ 80 personnes sur la place Guichard finalement préférée à la salle de la Bourse sans micro.
Un délégué de Givors et un de TEO font un CR de l’interégionale qui s’est tenue la veille ; une AG qui ne comprend que des personnes mandatées par les groupes locaux mais qui n’est pas décisionnaire puisque ce qui est discuté à ce niveau doit redescendre afin d’y être voté.
Une fois les points d’organisation énoncés et le sempiternel rappel, ici par le délégué de Givors, que à Lyon, contrairement aux autres villes il est très difficile de s’organiser (on se demande toujours d’où et de qui viennent ces informations sur l’organisation qui règnerait ailleurs), les actions envisagées suivantes sont mises en avant :
S’inviter au tour de France, mais sans le bloquer car c’est un sport populaire.
- Action de blocage des péages au moment du va et vient vacancier du 3 juillet et 1er août.
- Action contre le G7 à Biarritz les 24-28 août. A cette occasion les GJ présents ont l’air de découvrir que les mesures préventives de répression sont une nouveauté macronienne ! Sans doute n’ont-ils jamais entendu parler de Gênes et de Toronto.
- Convergence avec les parents d’élèves ( ?)
- Participation aux élections municipales et là on croît savoir qu’il ne s’agit pas du municipalisme libertaire de Commercy et autres Assemblée des assemblées.
- On apprendra aussi plus tard que le délégué de Givors est aussi (ou déjà !) membre du conseil national de la résistance jaune. On n’a pas bien compris où il fallait place le jaune mais ça nous a fait rire jaune.
Certains autres aspects sont détaillés dans le cadre de cette animation du « groupe » de Givors comme la nécessité de mieux faire ressortir les slogans et pancartes au cours des actions.
L’évocation de la réunion dentelle de Lyon-centre entame un échauffement des esprits. Mais c’est à partir de la question des actions que des TEO interviennent bruyamment pour dénoncer ce qu’ils estiment être un lâchage de la part du groupe Lyon-centre qui a refusé de quitter son « rond-point » pour ne pas participer à une action dans la fan zone de Bellecour, sous prétexte qu’on ne peut être à deux endroits à la fois (c’est bien vrai quand on est qu’une poignée, mais faut-il encore le reconnaître et ce n’est pas une excuse). Les deux groupes en viennent presque aux mains alors que nous tentons de faire remarquer que de leur côté les Gilets Jaunes Lyon Résistance ont fait tourner l’info de l’action à la dernière minute pour la plupart d’entre nous notamment quand on est pas en permanence sur Facebook. Après discussion avec eux on s’aperçoit qu’ils sont toujours dans l’optique de l’opération secrète car autrement la police est au rdv. Un vrai cercle vicieux qui les fait se plaindre de ne pas être rejoints par assez de monde, mais en même temps bomber le torse parce qu’ils seraient les seuls « véritables » GJ ou au moins les seuls qui restent.
Les invectives sont alors souvent disproportionnées comme celle contre un GJ, sans appartenance particulière, mais qui cherche à calmer le différend et se retrouve accusé d’être mou du genou alors qu’il est de toutes les actions !
Finalement une paix précaire est signée par un serrement de mains.
Un GJ intervient alors pour dire que notre nombre est en baisse et qu’il faut donc adapter nos actions en conséquence en gardant à l’esprit que l’action en petit nombre n’est pas toujours négligeable. La tension remonte quand il est parlé d’une éventuelle cagnotte que propose l’inter-départementale pour un policier suspendu 6 mois. En effet, outre qu’il soit quand même policier et qu’on a peut être d’autres cagnottes à remplir, un GJ fait remarquer que c’est un habitué du réseau Voltaire connu pour ses positions complotistes et ses liens avec la fachosphère. Dans la foulée, une action est proposée par TEO contre le syndicat FO-police qui se serait livré à des propos particulièrement dégueulasses contre les gilets jaunes meurtris dans leur chair. Mais personne ne fera remarquer que c’est un syndicat peu important dans la police par rapport à l’UNSA ou surtout à Alliance.
Une dernière intervention de Givors montre à quel point la tension reste forte même si elle ne concerne pas les mêmes personnes. Alors que le délégué de Givors parle de rencontres avec les syndicats (on n’est vraiment plus chez les GJ, mais c’est dans la continuité de son allusion au CNR et on voit que la tension pourrait être encore bien plus forte si, comme il y a deux ou trois mois nous affirmions vertement notre désaccord), excepté la CFDT parce que soi-disant elle ne veut pas nous voir, G fait juste remarquer qu’on ne va pas se mettre à trier entre les syndicats. Déjà à l’origine on ne s’est pas adressé à eux et ensuite à la base dans les entreprises, il y a des individus et pas que des bureaucrates syndicaux ou des « collabos ». Mais un gars de Météo France ne veut rien entendre et entre dans une colère rouge. Discussion quasiment ubuesque pour des GJ qui partis de « on ne veut pas des syndicats » se mettent maintenant à les évaluer au nom de leurs mérites respectifs bien aléatoires comme le fait remarquer G, car si on ne veut pas de la CFDT que faire de l’UNSA et que dire de FO-police, etc.
CR manifestation du 6 juillet Lyon
Environ 150 personnes sachant que les Lyon-centre sont pour la plupart absents et sur « leur » rond-point à l’hôpital de la Croix-Rousse et qu’une autre opération sur le parking de l’hôpital E. Herriot regroupe une quinzaine de personnes. Les forces de l’ordre peu présentes et pour dire à quel point ils nous négligent, ils n’ont envoyé que la police nationale, les CRS s’occupant de la beaucoup plus importante coupe du monde de foot féminine. On déambule comme d’habitude. Comme d’habitude Le Printemps ferme ses portes momentanément.
On se dirige vers les Terreaux via Mac Do et Starbuck. Le rituel quoi, puis montée à la Croix-Rousse et là les premiers atermoiements avec ceux qui, subrepticement envoyés par Lyon-centre (?) nous poussent à rejoindre leur rond-point. Échec, la fracture est trop importante et la présence de nombreux touristes dans l’hypercentre nous pousse à y rester. Des supportrices américaines ont même levées le point sur notre passage. On redescend. Une station devant l’église de scientologie sans que l’on sache pourquoi, puis une altercation dans une ruelle avec un individu qui balance de l’eau chaude et des bouteilles à partir de sa fenêtre. La police commence à nous filer le train. Dans la rue de Brest en travaux des barrières renversées et la police se met à courir derrière nous mais sans véritable entrain. Qu’est-ce que des barrières de travaux qui tombent si ce n’est un peu de bruit. Un jeune est contrôlé, toujours sans entrain et relâché, mais le journal Le Progrès parle d’une comparution immédiate lundi prochain pour ces faits. Nous continuons jusqu’à Bellecour. Désespérant. Nous lâchons l’affaire alors qu’une poignée de manifestants gagnent la rue de la République à quarante. Une arrestation va être alors à déplorer (elle semble en rapport avec le 1er passage devant le Printemps ?).
Compte-rendu de l’AG Gilets jaunes -Lyon Bourse du 1er juillet 2019
Environ 80 personnes. Comme il fallait s’y attendre à part une personne de TEO et une de Tarare, toutes les deux présentes à Montceau-les-Mines, c’est une AG lyonnaise stricto sensu pour ne pas dire une AG du groupe Lyon-centre aux trois-quarts puisque diverses personnes, dont certaines du « journal de bord » nous ont fait part de leur volonté de ne plus s’y rendre et de ne plus aller qu’aux interdépartementales.
Une affiche gigantesque barre toute la tribune en référence à la lutte des Canuts et appelle à l’action les hospitaliers, pompiers, etc., tout cela en écriture inclusive, pour la première fois depuis le début du mouvement à Lyon et évidemment sans que cela ait été discuté et encore moins voté. On a les putschs qu’on peut à Lyon-centre !
La séance commence par un compte-rendu de la manifestation de ce dernier samedi où une personne qui est de toutes les manifestations et actions se déclare insatisfaite de celle de samedi qui se serait avérée contre-productive parce qu’elle n’a pas amélioré notre visibilité (la police nous a ignorés pendant un long moment) ; qu’elle aurait attiré la colère des commerçants et donc qu’elle aurait nui à notre image (même rengaine que la semaine dernière). Ce spécialiste du « Gilets jaunes quel est votre métier : aouh, aouh, aouh » trouve tout à coup ça trop simpliste, comme d’ailleurs les « On va aller te chercher » surtout vu notre petit nombre actuel qui rend ce dernier slogan complètement déplacé. Mais de ce constat qui n’est pas faux, il conclut qu’il faut maintenant s’adapter. On ne saura pas à quoi au juste, mais force est de reconnaître le changement d’accent puisque jusqu’à maintenant, c’est le gouvernement qui avait dû s’adapter. Or un mouvement qui a eu la force des Gilets jaunes ne s’adapte pas : il gagne ou il meurt. Cette dernière possibilité n’est certes guère réjouissante, surtout pour celui qui a beaucoup « donné », mais ça ne sert à rien de se bercer d’illusions.
Un autre protagoniste très actif depuis le début du mouvement soutient plutôt que la manifestation a été réussie puisqu’il y a eu, par exemple des affiches placardées contre l’Hôtel de Ville et que la rue Joseph-Serlin a même été rebaptisée du nom de Zineb Redouane, décédée des suites des blessures causées par un tir de grenade policière en plein visage, à Marseille, à une réserve près qui est que renverser des barrières est là aussi assez contre-productif quand on est un si petit nombre, que les gens extérieurs ne comprennent pas.
À noter qu’à chaque critique ou réserve sur la manifestation de samedi, la « claque » de Lyon-centre se fait entendre, marquant bien par là son opposition actuelle à toute manifestation du samedi non déclarée et y opposant comme modèle sa prise du rond-point de l’hôpital Croix-Rousse comme si les deux actions ne pouvaient pas s’avérer complémentaires. D’ailleurs certains Lyon-centre ont bel et bien participé au début de la manifestation de Bellecour.
L’AG passe ensuite au compte-rendu de l’AG des AG de Montceau-les-Mines où environ 50 % des délégués provenaient de la région Rhône-Alpes-Auvergne d’après le délégué de TEO.
Les AG des AG seraient des exemples d’expérimentation de la démocratie directe sur le modèle du théoricien libertaire et écologiste Murray Bookchin. Un processus qui n’est pas celui de tous les Gilets jaunes nous dit-on1.
On passe ensuite aux axes de travail développés en commençant par le RIP dont on apprend avec une certaine surprise qu’il est comme le « bébé du RIC » alors qu’on aurait plutôt pensé le contraire puisque son inscription dans la Constitution date de 2008. On apprend aussi que si 2/3 des délégués sont favorables au RIC, cela laisse quand même 1/3 de défavorables ce qui est beaucoup. On n’aura pas de précision sur les motivations des « contre » mais on apprend que parmi les pour, 20 % le pensent comme une recette magique.
Le second axe oppose les partisans d’un capitalisme vertueux à ceux qui sont pour une sortie du capitalisme. Apparemment, une opposition entre principes dont on ne voit pas comment elle est reliée aux luttes actuelles et particulièrement à la lutte des Gilets jaunes. Une discussion qui, comme à Saint-Nazaire, n’aboutira à aucune synthèse finale.
Le troisième axe est celui de la tenue d’assemblées citoyennes. La notion « d’assemblée populaire » semble être passée à la trappe ou alors il faudrait faire un distinguo entre assemblées populaires de Gilets jaunes et assemblées citoyennes organisées à l’initiative des Gilets jaunes. En l’état actuel du compte-rendu on n’en saura rien.
Le quatrième axe est celui de l’occupation du terrain. Cela passe par tout un tas d’actions, mais qui ne peuvent être révélées comme cela, publiquement. On n’a pourtant pas l’impression qu’il s’agisse d’action de commandos à tenir secrètes, mais enfin…
Pour tous, le maître mot semble être : Comment durer ?
En vrac, dans ce qui est rendu public ; une manifestation le 14 juillet en jaune (l’idée initiale d’une marche-relai Montceau-Paris, du 1er au 14 juillet, semble avoir disparu des écrans, une action pour la nuit du 4 août aussi !) ; une manifestation le 15 juillet devant les tribunaux ; d’autres actions sont en projet mais controversées, comme une action pendant ou contre le Tour de France ; sur les plages et contre le G7 de Biarritz.
Un autre axe sur le type de manifestation : déclarée ou pas.
Et enfin l’axe convergence des luttes qui, si on comprend bien la synthèse qui nous est faite voit les Gilets jaunes passer de la ligne « Tous Gilets jaunes » (qui est effectivement défaite), à une ligne extension du mouvement par participation aux luttes des autres. Le travail sur cet axe semble avoir été rendu difficile par la présence, parmi les délégués Gilets jaunes, de nombreux cégétistes.
Les délégués membres de Lyon-centre concluent de façon optimiste leur compte-rendu. C’est un peu moins le cas du délégué de TEO qui signale la différence entre un samedi assez productif et un dimanche très difficile et marqué par les divergences et le peu de travail de synthèse.
Un membre de Fakir-jaune vient ensuite faire la promotion de son tract « a-partisan » pour faire voter le RIP, une action qui serait devenue maintenant centrale parce qu’elle pourrait, s’il était obtenu, constituer une victoire contre Macron et le « système ». Les Gilets jaunes doivent donc participer comme des petites mains à cette campagne et faire signer des pétitions partout où ils sont, pour une action qu’ils n’ont pas initiée et surtout pour un ersatz de RIC, alors même qu’ils ne sont pas tous d’accord sur le RIC.
Puisque le bébé RIC n’est pas encore né occupons-nous donc de la mère RIP pour l’instant semblent penser les Gilets jaunes Lyon-centre qui se précipitant vers le tract. Un mauvais esprit fera bien remarquer que Ruffin n’est pas vraiment apolitique, mais bon, de toute façon tout est politique comme dit l’ami P.
Quelques voix s’élèvent bien du côté du petit groupe Black-Bloc-Gilets jaunes lyonnais pour qui tout ça n’est pas de « l’action ». Le ton monte très vite avec les rapporteurs de Montceau-les-Mines qui en appellent au « respect ». L. intervient pour le BB-Gilets jaunes en disant que des actions très différentes peuvent être complémentaires et que le mouvement des Gilets jaunes se caractérise justement par sa capacité à englober le tout. Un autre membre du groupe lit alors un assez long Manifeste de leur groupe.
Une personne présente à Montceau réitère l’idée qu’on ne peut parler de l’action en AG, car c’est le travail de la commission action ; ce qui fait bondir J. qui l’interpelle en disant qu’il n’y a plus personne à cette commission depuis presque un mois (à part un membre de TEO et deux ou trois du « journal de bord »). J. est appelé à expliciter son point de vue, mais comme il l’a déjà fait à l’interdépartementale (car le problème dépasse largement l’attitude/position du groupe Lyon-centre) la semaine précédente, en pure perte, il ne répond pas à cette demande qui, de toute façon, provient d’une déléguée qui n’a jamais participé à cette commission, mais à la commission revendication-débat. Les membres du groupe Lyon-centre qui participaient auparavant à la commission action se gardent bien d’intervenir puisqu’ils sont partie prenante de la mort de cette commission. Devant tant de mauvaise foi ou de calcul politique. J. et d’autres du « journal de bord » ou proches décident de quitter l’AG qui de toute façon est entrée dans son dernier quart d’heure. Peut être est-ce une erreur de ne pas avoir saisi l’occasion de remettre en route la commission au sein de l’AG de Lyon cette fois, mais l’usure pousse plus à l’aquoibonisme qu’à envisager des coups tactiques.
- Une réserve qui trouve son écho dans un compte-rendu sur l’AG des AG paru dans le journal Le Monde du 2 juillet 2019 où on trouve cette phrase hautement révélatrice d’une déléguée de Strasbourg (Isabelle Wendling) favorable au dialogue avec les leaders médiatisés des Gilets jaunes travaillant sur l’idée de « socle commun », dialogue refusé par la majorité de l’AG : « Pour mon groupe il est très important d’arriver à unifier le mouvement. Il faut qu’on dialogue avec tous les Gilets jaunes et donc aussi avec ceux qui ont une audience (c’est nous qui soulignons). Un rappel qui souligne à quel point ces assemblées générales sont peu représentatives de l’ensemble du mouvement.
Pour revenir au compte-rendu lyonnais de l’AG, nulle mention d’un vote à ce sujet et de son résultat, ou comment occulter ce qui fâche. [↩]
7 Commentaires for “Journal de bord autour du mouvement des Gilets jaunes”
adrien lecaser
dit:Bonjour a tous.
Il y a une énorme opportunité qui se présente avec le dėconfinement : celle de confiner le gouvernement.
Comment : en ne reprenant le travail qu’à compter de la mise en place d’un gouvernement de transition.
Il en va de notre survie en tant que peuple libre : tant qu’ils ne disparaissent pas, nous n’apparaissons plus au travail.
Qu’ils n’aient PAS D’AUTRE CHOIX
8885torturé
dit:Nous Français avons eu la chance de ne pas connaître récemment de régime autoritaire.Pourtant,en France,le fait d’énucléer de simples manifestants (contre lesquels ne pèse aucune charge)au moyen d’armes de guerre est devenu banal,si banal qu’aucune poursuite judiciaire ne semble possible pour faire condamner le gouvernement français et surtout empêcher l’emploi d’armes de guerre dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre lors de différentes manifestations.Ces armes de guerre (LBD 40,grenades de désencerclement…etc)peut-être destinées à être utilisées contre les malfrats et les terroristes,infligent des blessures comparables aux sévices infligés par des actes de torture.Souvenons-nous des grands textes de Voltaire et de Montesquieu contre la torture au XVIIIème siècle !Nous ne sommes plus au XVIIIème siècle mais au XXIème siècle.En tant que professeur qui enseigne les humanités depuis + de 25 ans,en tant que simple citoyen du pays de 89,je condamne avec la plus grande fermeté ces pratiques barbares de l’Etat français à l’encontre de manifestants pacifiques,désarmés et privés de tout moyen de défense.Notre pays est un grand pays démocratique et non pas le terrain de jeu de nervis, d’une milice gouvernementale d’un régime désormais illégitime et aux abois.Aussi vrai que nous sommes français nous résisterons à cette inquiétante dérive anti-démocratique destinée à sauver un régime inefficace et contesté de toutes parts.
ERIC GITTA
dit:Apres tout CA, je me retrouve avec un PV de 35 euros devant chez moi et ou j’habite depuis 34 années et ou je n’ai jamais eu de problèmes et parce que je me suis garé en sens inverse de la circulation en agglomération. Bon OK je suis en infraction je le reconnais. mais tout de même, est ce la dernière stratégie que le gouvernement à mis en place, pour récupérer le manque à gagner sur tout les radars brûlés ou vandalisé????. CELA PROUVE BIEN QUE LES RADARS NE DIMINUENT pas LES ACCIDENT MORTELS MAIS DIMINUENT LES CAISSES DE L ETAT SI ILS SONT HS. perso j ai perdu 35 euros que j aurais pu utiliser pour mettre du carburant et me déplacer . encore une atteinte au pouvoir d’achat.
Gzavier
dit:Ce « Journal de bord » est par définition, descriptif et factuel. Il cherche à rendre compte, de l’intérieur du mouvement, aux différentes actions et interventions des Gilets jaunes et cela depuis l’Acte II. Nos analyses politiques plus approfondies des évènements se trouvent dans d’autres textes écrits par des membres de la revue Temps critiques. On peut les consulter sur le site de la revue ici
http://tempscritiques.free.fr/
L’ensemble de nos écrits sur les Gilets jaunes viennent d’être rassemblés dans un livre titré : L’évènement Gilets jaunes et publié dans les jours qui viennent par les éditions A plus d’un titre, ici http://tempscritiques.free.fr/
Nous avons plusieurs fois montré les méprises auxquelles conduit la position politique exprimée ici par Viriato. Retenons-en ici deux :
1- L’évènement Gilet jaune n’est pas un mouvement social, du moins dans le sens que lui donnent les politologues et les médias. Le caractère fondamentalement inédit et inattendu du soulèvement des Gilets jaunes, sa composition sociale très diverse, son « interclassisme » (que lui reproche tant les gauchistes et les ultra-gauche), son refus de toute représentation syndicale ou politique, son absence d’identité ouvrière, ont plongé dans le désarroi le pouvoir, les syndicats, les partis politiques et les médias. Ces caractéristiques politiques, économiques et sociales ont pourtant été sa force et ont permis sa durée. Ni « mouvement de chômeurs » ni émeutes de banlieues, l’évènement Gilets jaunes ne peut être non plus assimilé à la combinaison que suggère Viriato à savoir une sorte de « convergence » entre des syndicalistes dissidents de leurs directions et des « semi-anarchistes » désorientés, ce qui reviendrait à lui dénier toute autonomie et ne permet pas non plus de comprendre sa perspective (« Tous Gilets jaunes »). Une autonomie que Viriato peut d’autant moins prendre en compte qu’il n’évoque pas l’originalité de la lutte des ronds-points et la tentative de bloquer la circulation plus que la production pour des raisons objectives puisque le mouvement des GJ n’est pas le mouvement de la classe du travail ; pas plus qu’il ne voit l’originalité des manifestations du samedi non déclarées pour la plupart et qui ont justement, de ce fait, fait mettre un pied à terre au pouvoir
2- Les deux tendances idéologiques que Viriato perçoit dans les Gilets jaunes, l’une social-démocrate-écologiste-FI et l’autre « semi-anarchiste » ne résistent pas à une analyse approfondie des multiples courants qui traversent les Gilets jaunes. C’est le présupposé classiste et prolératiste de Viriato qui le conduit à une telle vision : ne voir dans la dynamique politique des Gilets jaunes qu’une marche vers la pureté de classe du mouvement ; qu’une marche vers la nécessaire « convergence » avec « les travailleurs qui travaillent » (sic). Comme si les Gilets jaunes ne « travaillaient pas » ou n’étaient pas d’anciens « travailleurs » ou des salariés ou des individus ayant des revenus liés à leur activité économique. De façon sous-jacente persiste chez lui la vieille vision dixneuvièmiste du travailleur productif comme seul véritable travailleur.
Ce qui gène Viriato c’est précisément que le point de départ des Gilets jaunes ce n’est pas le travail ; ce n’est pas un « conflit du travail » ; ce n’est pas dans la sphère de la production mais dans celle de la reproduction des rapports sociaux qu’il a pris naissance. Cette réalité gène Viriato comme elle gène les gauchistes et les syndicalistes et c’est pour cette raison qu’ils souhaitent voir les Gilets jaunes continuer leur lutte pour toujours plus « aller à gauche ». Alors que c’est la puissance historique de ce mouvement que d’avoir rompu avec le piège des « mouvements sociaux » de type travailliste, de type ouvriériste, de type prolétariste. C’est la force collective politique des Gilets jaunes que d’avoir placé leurs exigences sociales et économiques sur le terrain du mode de vie, sur le terrain de la solidarité conviviale des « cabanes » dans les ronds-points. C’est cette dimension que nous avons mise en évidence dans les suppléments « Une tenue qui fait communauté » ici : http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article392 et « Ce qui dure dans la lutte des Gilets jaunes » ici : http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article393
JG
Viriato
dit:C’est un journal de bord factuel, descriptif des manifestations et des A.G.s. De ce point de vue ils est bien fait.
Le problème est qu’on devrait développer un peu plus une analyse des faits, les expliquer dans un contexte et essayer de tirer les conclusions qui s’imposent.
Kurz und gut, ce mouvement n’est que le début d’un reveil des travailleurs qui a commencé pr la frange des travailleurs laissez de côté par les partis de gauche et d’extrême gauche et les syndicats. Les précaires, les retraités, les à temps partiel, les chômeurs, les immigrés, les catégories sociales le plus exploitées.
Mais, il n’est qu’un mouvement social qui, comme d’autres de même nature, (le mouvement des chômeurs, la semi-insurrection des banlieues) peut n’être qu’un feu de paille sans la jonction avec les travailleurs « qui travaillent », syndiqués ou pas et s’il ne déborde pas les directions qui freinent.
Ce mouvement est en train de se faire avec des difficultés, tant parce que les directions syndicales freinent et parce qu’à l’intérieur du mouvement des GJs même, se trouvent deux tendances politiques qui freinent aussi. Tant la tendance social démocrate, plus ou moins écolo-F.I. qui est aussi orientée par la « pensée » Tony Negri comme par l’influence de la pensée dominante « démocratique »; comme pour un courant semi-anarchiste qui pense exactement pareil mais qui le formule sous une forme qui apparait quasi en opposition complète.
En fait, le mouvement a durée par la profondeur des besoins réels de ces couches sociales impliquées et pour impliquer mais aussi par les maladresses à repétition de l’équipe Macron-Castaner (Nunez qui dirige de fait la répression et les provocations, se cache comme bon haut fonctionnaire qui perpétue l’Etat).
Son futur ne dépend pas de la forme des manifs, ni de la plus ou moins combativité des GJs. Il dépend en partie des revendications mises en avant mais surtout de l’unité de tous ceux qui sont intéressés en un changement radical et de l’isolement toujours plus poussé de la clique gouvernante. Et ici la combativité des GJs joue son rôle car elle attire tant les syndiqués comme d’autres proletaires et travailleurs écrasés par le capitalisme.
Tant la manif du 27 à Paris qui s’est passée très bien entre les fédérations dissidentes de la CGT et les Gilets Jaunes, comme les manifestations du 1er mai, malgré les difficultés provoqués tant par les directions kollaborationistes des syndicats comme par l’absurdité tactique des semi-anars, montrent la tendance acttuelle et, mieux, la direction à suivre.
La provocation de la Salpetrière comme le gasage de Martinez et l’intervention de Castaner visent avant tout à briser l’élan d’unité qui se développe.
Il faut tenir cette ligne pour avancer. Cela se fera lentement, car la marche des Gilets Jaunes a été erratique, oscillante dès le début mais elle a trouvée toujours la bonne voie du moment car ses racines et besoins le poussent chaque fois plus à gauche. Sa marche est lente car ils manquent beaucoup d’expérience de lutte autre que l’affrontrment physique par l’abandon du mouvement par tous les partis de gauche et d’extrême gauche et par les syndicats (sauf quelques exceptions qui participent presque sans affirmer leurs positions tels le POI et deux tendances du NPA) .
L’autre aspect qu’il faut absolument développer est une explication cohérente de l’ensemble du mouvement, de ses perspectives et des conclusions politiques qu’il faut en tirer. Déjà, plusieurs journalistes, avocats et autres futurs Serge Julys et D. Cohn -Bendit se bousculent au portillon, mais des rangs mêms des Gilets Jaunes ,de leur base proletaire, devrait aussi sortir des analyses pour les futures luttes qui peuvent prendre des formes semblables car les luttes des travailleurs, freinées par les directions devront trouver d’autres formes d’expression, si possible sans tomber dans les pièges de la social démocratie ni des absurdités semi-anarchistes.
Senki Wédo
dit:Très juste le commentaire précédent. La force de ce mouvement fait sa fragilité. Insaisissable…mais du coup « inorganisable ».
au quotidien, la vie d’un gilet jaune, travailleur ordinaire, ça peut donner ça : https://www.youtube.com/watch?v=rKFuQv6troo
jean-louis
dit:Les gilets jaunes sont, pour moi, la pointe avancée d’une France qui se désintègre ou se désagrège. Ou plutôt que l’on détruit. Ils parlent à un pouvoir qui n’en veut plus alors que eux, y croient encore. Ils croient encore qu’ils peuvent convaincre, attendrir le pouvoir. mais celui-ci n’aurait rien lâché s’il n’avait pas eu peur de perdre des choses auxquelles il tient (à commencer par son poste) .
Après tout, c’est dans les périodes de décomposition, de destruction que l’on peut reconstruire. Le grand challenge pour le peuple, ce serait d’être l’acteur de cette reconstruction. (bien sûr, je suis à fond pour le RIC. entre autres)
Maintenant que la juste rage est un peu retombée, et qu’elle n’a pas été remplacée par la juste haine, il me semble qu’il faudrait s’entendre politiquement pour exister et avancer..