Solidarité

En plus de la solidarité que nous exprimons pour Serge Duteuil et ses parents Françoise et Jean-Pierre, il se trouve que par les hasards du temps, Serge devait animer, avec le collectif Camarade de Toulouse, le débat sur le dernier livre de J. Wajnsztejn, L’opéraïsme au crible du temps, le 31 mars, soit quelque jours après le tragique événement.

La solidarité c’est aussi 2 cagnottes :

Pour Mickaël :
https://www.leetchi.com/c/mycka-gj-41

Pour Serge (par les proches et camarades) :
https://www.helloasso.com/associations/la-galere/collectes/solidarite-pour-les-proches-de-serge-et-de-blesses-de-ste-soline

Attention, ne faites confiance qu’à des sources d’informations fiables
De nombreuses rumeurs plus ou moins bien intentionnées circulent sur l’état de santé de Serge et sur le parcours politique et individuel des deux blessés.
Ne les relayez pas. Les seules informations fiables émanent des parents de Serge, des ses camarades et de l’avocate des deux blessés.
Elles se trouvent sur :

Communiqués des parents de Serge et de leur avocate

Communiqué des parents de Serge

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un « pronostic vital engagé », suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.

Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.

Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :

– Oui, Serge est fiché « S »- comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.

– Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires – comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.

– Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes – comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

Les parents de Serge
Le Mercredi 29 mars 2023

Source : https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3663


Après Sainte-Soline : deux plaintes déposées par la famille de S. pour tentative de meurtre et entrave aux secours

mercredi 29 mars 2023

Après Sainte-Soline : deux plaintes déposées par la famille de S. pour tentative de meurtre et entrave aux secours

Après la mobilisation à Sainte-Soline ce samedi 25 mars émaillée de graves violences policières qui ont occasionné plus de 200 blessures, deux manifestants, S. et M. sont toujours entre la vie et la mort.

La famille de S. a déposé 2 plaintes : la première pour tentative de meurtre et entrave aux secours ; et la deuxième pour violation du secret professionnel dans le cadre de l’enquête et détournement de l’objet de la consultation des fichiers pour un objectif autre.

En effet la police a honteusement fait fuiter mardi 28 dans la presse un profil de S. et des éléments confidentiels de l’enquête dans l’unique but de faire diversion et camoufler ses exactions – une manœuvre non seulement indigne mais aussi illégale qui mérite d’être sanctionnée.

La plainte pour tentative de meurtre et entrave aux secours a été enregistrée. Le procureur de Rennes a ainsi saisi l’IGGN d’une procédure pour violence de la part d’une personne dépositaire de l’autorité publique et non assistance à personne en péril. L’avocate Chloé Chalot demande la désignation d’un juge d’instruction en urgence pour faire toute la lumière de façon indépendante sur ces faits d’une extrême gravité.

Nous rappelons qu’il est désormais avéré que la préfecture et le ministère de l’intérieur ont menti au moins par quatre fois sur les événements du 25 mars :

– En affirmant n’avoir pas entravé l’intervention du SAMU alors que de multiples témoignages et des enregistrements du SAMU publiés par Le Monde et Médiapart l’attestent

– En niant la réalité des armes de guerre employées pourtant vérifée par Checknews.

– En parlant d’usage légal de LBD avant de rétropédaler et condamner des « bavures »

– En affirmant que 7 blessé-e-s étaient à déplorer parmi les manifestant-e-s qui en comptent et en attestent plus de 200.

Tous ces éléments démontrent largement la responsabilité grave des forces de l’ordre, la tentative de meurtre et l’entrave aux secours, et nous comptons sur cette plainte et cette enquête pour le prouver définitivement. L’ensemble des témoignages semblent concorder pour dire que S. a été victime de l’explosion d’une grenade GM2L

Source : https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3661

Fin des échanges sur imagination/imaginaire/imageries

Fin des échanges qui avaient débuté par la note de J.Guigou sur imagination/imaginaire/imageries suivi des remarques de Laurent et J.Wajnsztejn mais aussi des remarques à chaud de D.Hoss pour continuer par le billet remarques sur les commentaires de Laurent et J.Wajnsztejn toujours à propos d’imagination, imaginaire, imageries.


Le 18 décembre 2022

À propos de la notion « d’excès de sens »

Tout d’abord, nous prenons acte de ta tentative de ne caractériser qu’une courte période historique, mais à la lecture ce n’était pas évident puisque tu citais Le Goff et l’époque médiévale !

Ensuite, il ne s’agit pas de paraphraser ta thèse, mais de la rendre plus claire comme nous l’avons déjà essayé avec une réécriture de la première mouture de ton premier texte qui a gommé l’essentiel de nos différends. Tu as pourtant l’air de l’oublier en faisant comme si ton texte et donc ta « thèse » n’avaient pas déjà été remis en question sur le fond par nos corrections tendant à rétablir le fait que, qu’on le veuille ou non et quelque soit la « thèse » à soutenir, le terme d’imaginaire ou des imaginaires redevenait omniprésent non pas seulement dans les textes savants mais aussi dans les discours sociologistes ou médiatiques de base. D’où d’ailleurs la demande de J.Wajnsztejn à l’origine de ces échanges en vue d’un éclaircissement sur le rapport imagination/imaginaire. 

Par ailleurs, nous n’avons pas utilisé la notion « d’excès de sens » tirée de notre interprétation de la Théorie esthétique d’Adorno pour en faire une notion politique permettant d’évaluer le « contenu de vérité » d’une œuvre ou pour dire qu’elle était le propre de l’imagination ou de ses produits. C’est d’ailleurs pour cela que la référence à Adorno et aux œuvres artistiques nous paraissait probante, quelque soit le jugement qu’on peut porter sur Adorno, ce qui n’est pas le sujet ici. Ainsi, si on suit la théorie esthétique d’Adorno à partir du livre au titre éponyme, l’écriture poétique peut être considérée comme un des genres de l’excès de sens. Le côté métaphysique de l’art en quelque sorte. L’œuvre d’art tend à échapper à l’immédiateté du sens apparent de l’œuvre par excès de sens (cf. aussi, Kant et « l’esthétique du sublime », W. Benjamin et « l’aura » de l’art) parce que les intentions s’en détachent (cf. Théorie esthétique, Klincksieck, p. 109) ; « L’œuvre d’art n’est pas simplement art, mais est plus et moins […] et possède le caractère chosal d’un fait social » (Autour de la théorie esthétique, Klincksieck, p. 20).

Tu sembles confondre ce sens particulier de cet « excès de sens » avec une apologie théorique ou pratique de « l’excès » par rapport aux conventions et à la norme sociale (cf. Bataille, les références positives à Sade) ce qui nous renvoie aux questionnements du début du XXème siècle autour de la crise de sens (Musil) et du sujet ( la psychanalyse), et plus prêt de nous aux questionnements postmodernes de la fin du XXème avec les références à l’insensé, la folie, la psychanalyse quand tout sens premier ou évident aurait disparu.  

Pour finir, un exemple : en 1883, alors que très peu de personnes connaissent les oeuvres de Rimbaud qui vit toujours comme commerçant en Abyssinie,  le critique et anarchiste Félix Fénéon consacre un article aux Illuminations, œuvre dont il a été partie prenante de la publication ; il termine son article par cette phrase : « Œuvre en dehors de toute littérature, et probablement supérieure à toute ». Ce que la poésie de Rimbaud montre ici, c’est qu’au-delà de l’activité sur les mots — et les images, elle « promet », en quelque sorte, une vie « plus vraie », excès de sens par rapport à ce qui est immédiat et inconnu. Le sens de ce qui est écrit excède une signification immédiate. Rien à voir donc avec un délire, la folie, l’anti-psychiatrie et toute la glorification politique des positions « excessives ».

« Excès de sens » ne signifie pas ici un trop plein de sens, mais que la réalisation ou la réalité d’une chose peut à l’occasion signifier plus que ce à quoi elle est destinée ou que ce qu’elle signifie immédiatement. L’imaginaire ou les imaginaires révèlent des codes sociaux et de systèmes de représentation, l’imagination est potentiellement libre et se déploie à partir de n’importe quel matériau ou prétexte comme quelque chose avant tout de singulier, même si cela peut ensuite confiner au collectif.

Jacques W et Laurent


Le 18 décembre 2022

Bonjour,

Il y aurait matière à poursuite, mais est-ce nécessaire ?

Dire par exemple qu’avec votre référence à la théorie esthétique d’Adorno, vous situez l’écrit de poésie dans l’ordre de la métaphysique. Voilà qui est une conception idéaliste de la poésie ; une conception certes partagée par de nombreux poètes dans l’histoire de la poésie, mais qui n’est pas créative aujourd’hui.

Pour le titre abruptement, avançons que la poésie n’est ni de l’art ni de la littérature, encore moins de la métaphysique. Je m’en suis expliqué dans «Poétiques révolutionnaires et poésie1 » (L’Harmattan, 2019).

C’est aussi la raison pour laquelle, le commentaire des Illuminations par cet anarchiste, selon lequel ces poèmes « excéderaient toute littérature », est une tautologie, n’a pas de portée critique ; critique littéraire et moins encore critique politique.

En bref, la poésie est une parole, la littérature est un discours, un langage de l’ordre de la lettre, etc. Je renvoie à mes écrits sur la poésie2 et à mes commentaires sur des œuvres de poésie contemporaines. La poésie est la première parole de l’espèce humaine ; la littérature émerge avec l’invention de l’écriture, c’est-à-dire…tout récemment. Cf. « Introduction à la poésie orale3 » de Paul Zumthor (Seuil, 1983) ou bien « Trésor des la poésie universelle » de R.Caillois et JC. Lambert (Gallimard/Unesco, 1994).

J.Guigou

Notes de bas de page :
  1. https://www.editions-harmattan.fr/livre-poetiques_revolutionnaires_et_poesie_jacques_guigou-9782343172620-62629.html []
  2. https://www.editions-harmattan.fr/minisites/index.asp?no=21&rubId=523[]
  3. https://www.amazon.fr/Introduction-%C3%A0-po%C3%A9sie-orale-Zumthor/dp/202006409X []

Les élections, l’abstention et l’effacement de la société civile

Nous vous signalons la publication d’un Supplément à la revue Temps critiques n°21 intitulé : Les élections, l’abstention et l’effacement de la société civile. Il est disponible immédiatement sur notre site (http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article522) et se trouve aussi imprimable en brochure A5 sur ce lien. Il fait suite à la mise en ligne, en son entier, du numéro 21 de la revue disponible ici : http://tempscritiques.free.fr/spip.php?rubrique97

Nouvelle parution : Temps critiques n°21 / printemps 2022

Sommaire :

  • Un rééquilibrage du national et du global dans le jeu des puissances
    Jacques Wajnsztejn
  • Fractions du capital et luttes de pouvoir
    Jacques Wajnsztejn
  • Les nouvelles formes d’emploi et le télétravail
    Gzavier et Julien
  • L’économie de plateforme : une tendance irrésistible ?
    Larry Cohen
  • La fin du couple aliénation/émancipation
    Jacques Guigou
  • L’aliénation initiale, un hors-champ des théories de l’émancipation
    Jacques Wajnsztejn


Prix de l’exemplaire : 10€ port compris – Chèque à l’ordre de : Jacques Wajnsztejn – 11 rue Chavanne – 69001 Lyon.


Abonnement : Pour 2 numéros (dont abonnement à la liste de diffusion du blog pour Suppléments et Hors-séries) : 15 € (port compris); soutien : à partir de 35 €


L’hypothèse d’une « crise finale » du capitalisme le poussant à creuser sa propre tombe a été démentie par les faits, même si sa dynamique actuelle repose sur le risque et donc suppose la possibilité et l’existence de crises. En effet, le capital n’a pas de forme consacrée, comme le démontrent ses différentes formes historiques, commerciale et financière d’abord, industrielle ensuite et à nouveau financière et technologique. Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est une tendance forte à l’unité de ces formes, c’est-à-dire un processus de totalisation du capital.

À l’encontre de l’idée d’un « système » capitaliste au développement aussi bien unilatéral que mécanique, ne serait-ce que parce qu’il dispose des moyens financiers et technoscientifiques d’imposer sa domination pleine et entière, le capital ne tend vers l’unité qu’à travers des processus de division et de fragmentation qui restent porteurs de contradictions et réservent des possibilités de crises et de luttes futures comme le mouvement des Gilets jaunes a pu le montrer. C’est bien pour cela qu’il fait encore « société », mais il s’agit en l’occurrence, d’une « société capitalisée.

 De la même façon, le retour des luttes entre grandes puissances signifie que la restructuration en réseau du capital ne conduit pas mécaniquement à une globalisation harmonieuse. On a pu le voir avec le Brexit hier comme avec le conflit entre l’Ukraine et la Russie aujourd’hui où la rivalité naissante entre les États-Unis et la Chine.

Les jeux de puissance des dirigeants politiques, des actionnaires et des créatifs, concourent malgré tout à une innovation permanente et nécessaire à la dynamique d’ensemble.

Cela se produit aussi bien au niveau de l’hyper-capitalisme du sommet où certains États retrouvent et exercent une puissance qui semblait s’être dissoute dans le processus anonyme de globalisation et le seul pouvoir des grandes firmes et de la finance, qu’au niveau interne où ils gèrent la reproduction des rapports sociaux capitalistes comme on a pu le voir dans la répression des mouvements sociaux comme au cours de la crise sanitaire.

Si ce processus fait encore société malgré les fractures qu’il produit, c’est parce que le capital n’a pas engendré une domestication totale. Il se fait milieu, valeurs, culture, provoquant une adhésion contradictoire d’individus qui participent ainsi à des modes de vie de la société capitalisée, par exemple à travers une consommation des objets techniques, qui tend à virtualiser les rapports sociaux. D’où, en retour, l’activation de références communautaires ou particularistes qui rend difficile une lutte unitaire contre le capital. Nous assistons à ce mouvement au cours duquel la société capitalisée semble s’émanciper de ses contradictions internes et subir ses contradictions externes parce que nous-mêmes avons pour le moment échoué à révolutionner ce monde.

Temps critiques, printemps 2022