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Rassemblement à Bellecour comme d’habitude, mais le matin une trentaine de voitures se sont remplies pour faire une sorte de tournée des ronds-points « historiques », accompagnées par une vingtaine de motards. Un parcours commémoratif donc, de ces hauts lieux lyonnais à commencer par le rond-point de la Z.C. de Givors tôt dans la matinée, suivi de celui à proximité de la raffinerie de Feyzin puis le rond-point d’Auchan Saint-Priest pour la pause repas. Ils devaient ensuite poursuivre dans l’après-midi par le péage de TEO pour finalement conclure la tournée par le rond-point de l’hôpital de la Croix-Rousse. Quoi qu’il en soit, les « commémorateurs » étaient appelés à rejoindre les manifestants du centre-ville au plus tard à 18 h pour garnir les rangs de nos amis ! (sic)
Pour ce qui est de Villefranche-sur-Saône une vingtaine de personnes présentes au niveau du péage, pendant que d’autres se seraient retrouvées en centre-ville, mais pas d’information plus précise.
Toutes ces voitures devaient converger vers Lyon l’après-midi avec des opérations escargot. Vers 16 heures une douzaine de voitures ont effectivement fait le tour de la place Bellecour, entre deux jets de gaz lacrymogènes, puis sont montées à la Croix-Rousse où un rendez-vous avait été donné que les manifestants devaient rejoindre. Malgré quelques tentatives de certains Gilets jaunes pour orienter les manifestants de Bellecour, le rendez-vous du Gros-Caillou fut un rendez-vous manqué.
Mais revenons à la manifestation de Bellecour. Du monde, entre 1000 et 1500 personnes. Un peu plus de jeunes que d’habitude, sans doute grâce à la présence d’étudiants, secoués par l’immolation du jeune lyonnais il y a quelques jours. Le port du Gilet jaune n’est pas omniprésent, mais tous les présents semblent faire corps et cœur sur la place. L’hyper-centre est complètement interdit et bloqué par les forces de l’ordre comme la « tradition » s’est imposée le samedi depuis plusieurs mois, mais de surcroît, les quais sont aussi interdits. Autant dire qu’on ne nous laisse comme échappatoire relatif, puisque c’est là qu’ils veulent nous emmener, la rive gauche du Rhône et la Guillotière.
La manifestation part assez rapidement, reprenant ses habitudes jusqu’à essayer de bloquer l’axe Nord-Sud. Une première tergiversation se produit au pont de la Guillotière où il semble que des étudiants aient voulu traverser le Rhône pour se rendre dans le quartier des universités ou le Rectorat. Mais ça ne suit pas et les forces de police se positionnent pour nous empêcher de descendre sur l’axe. On n’a pas attendu dix minutes que l’arrosage de lacrymogène commence. Les manifestants reculent, puis avancent à nouveau. Les forces de police sont finalement peu nombreuses et la largeur de l’espace à défendre les oblige à une forte intensité de grenades. C’est une réaction sûrement préparée à l’avance, pour faire régner leur ordre et respecter leurs interdictions même si cela doit créer du désordre. Ainsi, il y a fort à parier que s’ils nous avaient laissés passer, on aurait pu continuer un certain temps la marche sans aucun incident…
En tout cas face à l’action des forces de l’ordre et la tactique de répression préventive, il n’y a pas vraiment un groupe de tête suffisant pour tenter de passer, et surtout ce n’est pas certain que le reste de la manifestation suivrait au pas de charge pour ne pas se laisser couper de la tête. C’est que, malgré les insultes envers la police, l’ambiance sans être festive manifeste mais les gens sont contents d’être là, d’être peut-être plus nombreux qu’ils ne le pensaient ; vu l’absence des personnes montées à Paris. Finalement la manifestation reflue de part et d’autre au-dessus de l’axe alors que les automobilistes, en bas, klaxonnent sans qu’on puisse savoir vraiment si c’est de contentement/ soutien ou d’exaspération.
On se retrouve tous sur la place Bellecour. Les petites rues adjacentes sont bloquées par un car et des gendarmes mobiles de chaque côté. Dès qu’on s’approche, ils font mine de tirer (LBD) et si on ne recule pas assez ils bombardent de lacrymogènes à très forte intensité, comme s’il fallait qu’ils écoulent des stocks. Le métro ferme, les rideaux de fer s’abaissent et l’exaspération des manifestants monte. On est passé d’une ambiance relativement détendue à une tension palpable où sourd la haine et pas que chez les jeunes, loin de là, quand on entend des personnes d’un certain âge qui n’ont pas certes pas l’insulte anti-flic chevillée au corps, demander aux gendarmes s’ils n’ont pas honte de leur boulot, qu’est-ce qu’ils peuvent bien raconter à leurs femmes et enfants le soir, etc. Exaspération aussi parce que le nombre dérisoire des forces de l’ordre par rapport à nous, et le côté complètement asymétrique des forces en présence, donne autant la rage à certains qu’il en décourage le plus grand nombre.
Au retour sur la place Bellecour, on entend un appel à aller vers Perrache. Le temps de s’approcher de la rue piétonne, les policiers courent pour en bloquer l’accès. Immédiatement dans la foulée, les premiers arrivés lancent une tentative pour aller à Saint-Jean ; on part en courant de l’autre côté de la place Bellecour vers la rue Chambonnet (peut-être une centaine de personnes, suivies mollement par le gros des troupes), d’autant plus que l’accès est visiblement libre. Un relâchement de l’attention, une dispersion sur la place, des discussions par petits groupes qui font que si il y a prise d’initiative elle se trouve comme détaché du gros de la manifestation qui n’est même pas au courant de ce qui se passe. C’est aussi une grosse différence avec les débuts du mouvement.
Bref, on débouche place Antonin Gourju, les forces de l‘ordre barrent l’accès au pont, mais les quais sont libres. On part donc directement vers la droite. Il y a une petite hésitation devant l’entrée de la rue des Templiers, qui donne accès à la zone interdite, mais qui semble bien étroite pour passer vite du monde. Une grenade lacrymo vachement bien visée (pile à l’entrée du passage) met fin aux hésitations, et on s’engouffre rue des Templiers… pour se rendre compte qu’on est plus qu’une vingtaine. Il semblerait qu’entre temps, les forces de l’ordre ont bloqué l’accès au quai, donc on poireaute un peu dans la zone interdite, ça se disperse petit à petit et on revient place Bellecour.
Quelques petits groupes tentent des percées par-ci par-là, mais se retrouvent ensuite isolés dans la zone interdite. La plupart des manifestants revêtus du gilet jaune refusent de fait de l’enlever et ainsi infiltrer discrètement les zones interdites.
La rue Victor-Hugo est aussi bien cadenassée, mais on ne s’y dirige pas vraiment, car le vent nous est favorable quand on se dirige vers le nord de la zone, les gaz revenant à la figure des gendarmes et des CRS (si on peut encore l’appeler comme ça, « figure humaine »). La rue Gasparin sera finalement la cible privilégiée des manifestants pendant plus de deux heures.
L’entrée de la rue de la République est fermée vers 16 h 30 et les forces de l’ordre mobiles qui se sont aventurées en cars en sont descendues et se sont mises à courser des manifestants agiles et sprinteurs dans l’âme au milieu d’une foule du samedi éberluée, sur cette grande rue.
Les troupes mobiles finissent par se replier, montent dans les cars et reculent vers la défense de la « zone interdite » essuyant projectiles et quolibets. Mais une centaine de manifestants ont profité de l’occasion pour se rendre à la Guillotière.
Pendant ce temps les forces de l’ordre ferment la place Bellecour, mais il n’y a pas de nassage et plutôt une dispersion. Nous nous retrouvons alors coupés de ceux de la Guille à une cinquantaine place de la République, dans le bassin vide d’eau où on attendra vainement des renforts. On voit passer une dizaine de cars de police qui foncent vers la Guille. On saura après qu’ils se dirigent vers la Part-Dieu. Nous sommes avertis de l’action des Gilets jaunes qui se sont rendus de la Guille à Part-Dieu, mais nous sommes trop loin pour les rejoindre dans les temps. Nous entamons alors une tournée des Starbucks et Mac Do du centre-ville aux cris de « escroc paie tes impôts ». La police se manifestera une seule fois, au petit trot, et nous nous éparpillons sans problème vers un autre objectif. Les passants sont bienveillants, quant aux clients, ils pianotent leurs commandes. Deux mondes qui s’ignorent. À 18 h le trafic a repris et on tourne en rond dans tous les sens du terme. Un des membres du groupe Gilets jaunes Lyon-centre, arrivé de nulle part se met à nous faire un speach de dispersion comme un bon vieux chef syndicaliste. Un « syndicaliste » du même groupe Lyon-centre lui prête main forte en disant qu’ils se sont concertés et que c’est la meilleure chose à faire. Peut être, mais il y a manière et manière. Une d’entre nous lui parle, moqueuse, de la concertation à 2 !
Les manifestants ayant pris le chemin de la Part-Dieu, après être passés par la rue Paul Bert, arrivent à une soixantaine et réussissent à pénétrer dans le centre commercial qui ferme les grilles, paniqué. Ils se heurtent immédiatement à la hargne d’agents de sécurité agressifs, avant que la BAC ne s’y mette sur le même ton. Les manifestants sont évacués et entre une haie de policiers certains sont frappés.
Malgré la fermeture de la Part-Dieu et la violence de la BAC (cassant au passage l’appareil photo d’une personne suivant les événements) aucune info ou presque sur Internet et rien dans Le Progrès. Il ne semble pas y avoir eu d’arrestation (?).
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