Critique d’un particularisme communisateur

La critique de toutes les sortes et de toutes les modalités des particularismes a été développée par la revue Temps critiques depuis la fin des années 1990. Le numéro 11 (hiver 1999) met en question « L’aliénation et le cours présent des particularismes ». Ont suivi deux livres de Jacques Wajnsztejn « Capitalisme et nouvelles morales de l’intérêt et du goût » en 2002 puis « Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme » en 2014.
À l’automne 2017, dans un texte placé sur ce blog et intitulé « Quand les communisateurs colmatent leur barque avec du racialisme« , Jacques Guigou critique l’errance de Théorie communiste dans les impasses du genrisme. Ici, il montre comment un communisateur qui signe GD se satisfait de la combinatoire sexuelle actuelle sans dire un mot sur son opérationalité dans la dynamique actuelle du capital.


 

À propos d’un article de GD sur l’homosexualité

Cette critique de l’homosexualité par GD n’en est pas une (Cf. https://ddt21.noblogs.org/?page_id=1935). Il décrit l’englobement des anciennes minorités sexuelles et leurs luttes dans la société capitalisée. Il avance que malgré cela des disparités et des inégalités subsistent car elle ne sont pas sexuelles mais de classe. En déconstructiviste fraîchement converti, il surenchérit sur les signes et les effets de l’homosexualité comme une production sociale de la bourgeoisie. Mais comme la majorité des déconstructivistes il se réfère à l’ancienne critique de l’oppression des minorités sexuelles. Le particulariste Foucault, encore une fois, est appelé à la rescousse…Et la description continue avec l’histoire des luttes homosexuelles aux USA pour montrer… des évidences sur les « intersectionnalités » .

Dans ce domaine, les références ultimes de GD sont le FHAR et le « communisme gay » de Mario Mieli. Autant dire deux échecs politiques et deux impasses théoriques. Par exemple, Mieli croyait fermement que « l’hétérosexualité est la condition de la production capitaliste » ! Toujours partisan de la valeur-travail, GD rabâche les anciennes litanies situationnistes sur la séparation du travail et des autres activités humaines à une époque où ces deux dimensions sont largement combinées, indissociables. En définitive, GD se satisfait de la combinatoire sexuelle actuelle sans dire un mot sur l’intervention de cette combinatoire dans l’opérationalité capitaliste. Or, l’homosexualité et la combinatoire sexuelle sont devenus des opérateurs majeurs de la capitalisation des activités humaines.
Dans ses dernières phrases, en référence-réflexe à Rimbaud, il réaffirme que c’est l’amour qui est à réinventer, mais il semble le faire comme par défaut sans opposer résolument amour et combinatoire sexuelle. C’est pourtant, avec raison, ce que faisait Jacques Camatte dès 1978, dans un article anticipateur intitulé « Amour ou combinatoire sexuelle »1 ; article qui trouve son origine dans le livre de Mieli Elementi di critica omosessuale (Einaudi, 1977). Camatte accepte avec Mieli l’exaltation du polymorphisme profond inné chez l’espèce humaine (« Qui n’a pas rêvé d’être arbre ou fleur ? Qui ne s’est pas extasié devant la puissance de vie d’un arbre ? ») mais il rejette fermement « la réduction des hommes et des femmes à des particules asexuées, à des particules neutres qui ne se sexualisent qu’en prenant à l’extérieur un sexe… avec l’avantage qui fascine les gens immédiats, de la combinatoire réalisable ». C’est aussi ce que faisait Cesarano qui, quelques années auparavant, critiquait « l’Utopie-capital » ; Mieli, lui, s’en fait l’apôtre zélé.

Bref, ce « dernier épisode de la série Homo » n’est rien d’autre qu’un épisode de plus des particularismes contagieux qui sévissent chez les communisateurs.

J.Guigou

  1. Invariance série III n°5-6, p.106-12 []

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