La critique limitée produite par les nouvelles formes d’anti-capitalisme

C’est un point que nous avons déjà abordé sous différents aspects. Dans la revue tout d’abord, avec la critique de la prétendue déconnexion entre « économie réelle » et finance, puis dans le cadre d’un article publié comme inédit dans le volume IV de l’anthologie des textes de la revue Temps critiques (JG et JW : La société capitalisée, L’Harmattan, 2014) sous le titre : Une énième diatribe contre la chrématistique en référence à la distinction faite par Aristote entre le « bon argent » dépensé productivement et le mauvais argent conçu uniquement pour « faire des petits ». Une distinction reprise par Anselm Jappe dans un article pour le journal Le Monde et donc critiquée par JW ; enfin dans deux articles, assez contradictoires, autour de l’argent dans le n°18 de la revue (automne-hiver 2016-2017).

Dans ces deux premières occurrence il s’agissait pour nous de mettre en évidence le caractère limité de ce type de critique par rapport au processus actuel de totalisation du capital ce qui donne l’impression que ce n’est pas le capital dans son ensemble qui est critiqué, mais certaines de ses dérives ou excès, tout en faisant remarquer, chose quand même importante, que limitée à cela cette critique anti-capitaliste de gauche a du mal à se distinguer de la critique anti-capitaliste en provenance de l’extrême droite.

Dans la troisième occurrence, il s’agissait, au-delà du différend entre les deux textes de saisir le pourquoi de ce retour de la question de l’argent. Pour Bruno dans l’article et d’une certaine façon pour Gérard dans l’échange qui suit, il s’agit de tracer une perspective au-delà du « monde de l’argent », alors que pour JW cette orientation, sans possibilité immédiate de mise en pratique, participerait plutôt du même anti-capitalisme que celui rencontré dans les deux premières occurrences.

27/06/2017 – Ajout de remarques de Bruno à la présente introduction et, en dessous, une réponse de JW.

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Quelques réactions à la suite de « Not in my name » d’A.Jappe

Ce texte d’Anselm Jappe aurait dû faire l’objet de quelques remarques de ma part (JW) mais les lettres qui suivent montrent que le projet en fut abandonné. Plus d’un an après il m’apparaît utile de représenter tout ça en l’introduisant.

La notion de « masque de caractère » que Marx utilisait ne nous est pas étrangère puisque, très prisée en RFA dans les années 1970, elle fut reprise plusieurs fois au début de Temps critiques, par Bodo Schulze, dans sa perspective d’un « capital automate ». Une perspective que nous avons progressivement abandonnée à partir du n° 8 pour poser la question de la nécessité ou non de l’intervention politique d’une part et celle de la puissance du capital d’autre part, les rapports sociaux d’exploitation ne nous paraissant plus rendre compte de la globalité du processus de domination en cours. C’est une voie que nous avons continué d’explorer, surtout à partir du n°15 et du livre Après la révolution du capital quand nous avons voulu analyser le redéploiement de l’ancien État-nation dans sa forme réseau plus récente au sein de ce que nous avons décrit comme les trois niveaux de la domination du capital. Non pas donc un capital toujours plus impersonnel, mais un capital comme pouvoir pour reprendre le titre du livre de Nitzan et Bichler. Lire la suite →