Sur la notion de « travailleur collectif »

S’il y a aujourd’hui beaucoup de discussions autour du travail, elles restent le plus souvent d’ordre scolastique et/ou biaisées par des perspectives idéologiques et politiques qui négligent passablement ce qui se passe sur le terrain des transformations du procès de travail et plus en amont, du procès de production dont on ne peut plus le séparer. C’est pourtant ce à quoi il faut s’attacher si on veut démêler aujourd’hui les tendances contradictoires que représentent d’un côté individualisation des conditions et postes de travail, précarisation, « uberisation » et de l’autre, déploiement de la coopération d’une force de travail devenue ressource humaine et utilisant largement le General intellect. Se gargariser de thèses sur la domination du travail abstrait ou même sur l’inessentialisation de la force de travail dans le procès de valorisation ne peuvent servir de sésame surtout si on veut participer à l’articulation entre connaissance de ces transformations et pratiques critiques de lutte.

Ainsi, si Marx avait anticipé le développement de ce « travailleur collectif », à son époque ce n’était qu’une « intuition » politique qu’il a fallu vérifier bien plus tard en rapport avec le développement dialectique des luttes de classes et de la modernisation capitaliste. Une expérience que les opéraïstes italiens ont assurée d’abord comme un objectif théorique rendu pratique seulement par « l’enquête ouvrière », puis comme mouvement vers la définition d’une composition politique de classe (concrétion du travailleur collectif dans la figure de « l’ouvrier-masse ») mise à l’épreuve du feu pendant le Bienno rosso (1968-69) et les quelques années qui suivirent jusqu’au « 1977 ».

Les échanges qui suivent (voir les 3 fichiers .doc en pièce jointe à la fin du billet) mêlent des questionnements théoriques qui perdurent comme entre Max et des membres du groupe Perspective internationaliste d’une part et entre Max et JW d’autre part et des retours sur des expériences historiques, non par esprit d’entomologiste ou nostalgie, mais parce qu’ils nous interpellent encore. Lire la suite →