Récapitulatif des publications sur les Gilets jaunes dont celles du Journal de bord regroupées par dates sur le blog Temps critiques
Les parutions sont à lire de bas en haut pour suivre chronologiquement le mois de mai 2019.
CR AG Bourse Lyon du 27 mai
Une petite centaine de présent, chiffre le plus bas jamais atteint.
Ambiance gueule de bois assez inattendu pour nous car les GJ qui disaient ne rien attendre des élections avant celles-ci et ben finalement il semblerait qu’ils en attendaient quand même quelque chose. Ainsi, pendant un long moment nous allons assister à un défilé de personnes étalant leur état d’âme par rapport au résultat électoral. On aura droit à tout et son contraire avec ceux qui se félicitent des chiffres dérisoires des listes jaunes quand d’autres disent, « mais finalement c’est pas si mal que ça 0,5%, cela fait 150000 GJ, on n’est pas isolé » comme si voter emportait adhésion !
Cela va continuer sans que nous intervenions le moins du monde car nous savons par expérience que la critique du vote est vaine.
Néanmoins il est à noter qu’aucune auto-critique interne de la part des GJ ne s’exprime et c’était peut être prématuré mais il faudra y revenir et poser publiquement quelques questions.
Après ce hors d’œuvre indigeste/déprimant, le bilan des actions est là pour remonter le moral. Le groupe GJ Lyon-centre se félicite évidemment de la convergence avec les deux manifs climat, mais certains dans l’assistance souligneront quand même que la convergence est plus facile quand elle est plus proportionnée du point de vue des participants ce qui était le cas de la manif du samedi. Des critiques quand même par rapport au service d’ordre d’Alternatiba et une nouvelle altercation avec des motards qui en ont marre de se faire délivrer la leçon par des personnes qui ne montrant rien d’eux ne risquent pas de se faire reprocher quelque chose sur leur mode de vie.
Pour un peu l’action à la Part-Dieu passerait à l’as tant les « Lyon-centre » n’ont pas envie d’en parler eux qui n’y ont pas participé préférant rester tranquillement avec les « climat » pour quêter quelques prises de paroles « jaunes » qu’on leur concédera (à eux, mais pas à d’autres) car entre personnes responsables de bonne compagnie on se comprend facilement.
Ensuite c’est l’habituel présentateur de l’action « infirmières (syndicalistes) en lutte » qui vient régler les derniers détails du parcours du combattant de samedi le long des différents hôpitaux lyonnais.
Depuis le temps (plusieurs semaines) qu’il nous dit que tout ça a été validé par un vote plus personne à part H. (on a encore essayé la semaine dernière) ne se risque plus à faire remarquer que c’est une drôle de conception de la manif commune GJ/BB qui nous est vendue là. Néanmoins tout le monde sent l’urgence de ce combat pour l’hôpital public malgré l’absence de prise en compte de la division hiérarchique extrême du travail qui règne à l’hôpital comme un ver dans le fruit à chaque lutte.
Nous ne sommes plus qu’une soixantaine quand reprennent les litanies contre le résultat des élections.
Le fait que les commissions manifestation et action se tiennent quand même ou pas ces mercredi et jeudi est laissé en suspend et seule une action coup de poing est évoqué pour venir en soutien de salariés, mais sa mise en place ne passera pas par la discussion en commission. Elle est implicitement actée comme celles qui ont déjà eu lieu pour Primark et Cogepart.
Compte-rendu de la manifestation Climat/Gilets jaunes du 25 mai à Lyon
Au départ 3000 à 3500 personnes et c’est malheureux à dire, mais nous nous sentons nettement moins en déphasage numérique, puisque nous sommes nombreux, sans que notre chiffre puisse vraiment être estimé, car Gilets jaunes obligent, la consigne de constituer un bloc jaune compact n’est pas respectée, et ce dès le départ ! En tout cas, et par rapport à la manifestation précédente, nous sommes accueillis sans problème, mais il faut dire aussi que les « climats » qui sont présents, en bien moins grand nombre, sont sans doute plus militants ou du moins plus déterminés que ceux de la manifestation commune précédente.
Service d’ordre policier quasi invisible aux abords de la manifestation, mais par ailleurs très présent sur les points névralgiques de la Presqu’île, zone interdite à laquelle la Préfecture a adjoint la rue des Marronniers, envahie la semaine dernière pendant une demi-heure et dont les restaurants ont dû demander une mesure de protection préventive. À noter aussi que depuis huit jours la Presqu’île s’est couverte de petites affiches apposées chez les commerçants avec un « carton rouge » adressé à la mairie et appelant à l’interdiction des manifestations dans le centre.
La manifestation emprunte le trajet prévisible. Quelques sit in sont censés mettre de l’ambiance avec une sorte de ola quand les personnes se relèvent, mais bof comment conjuguer les sit-in avec le slogan « Lyon-debout, soulèves-toi » ?
On arrive à Guillotière où le groupe Gilets jaunes Lyon-Centre a prévu un regroupement Gilets jaunes ; mais là, absence des figures « marquantes » des Gilets jaunes Lyon-Centre qui ont pourtant fait passer l’appel, le seul regroupement sur place est celui des policiers rue de Marseille d’un côté, cours de la Liberté de l’autre, avec une seule voie de passage (garage !) direction la Fosse aux ours où le service d’ordre d’Alternatiba se met en place afin de canaliser les troupes (le troupeau ?) sur les gradins des berges où vont avoir lieu les prises de paroles.
Les contestataires « climat » les plus virulents, dont ceux d’Alternatiba, après avoir poussé la chansonnette disparaissent définitivement de la suite des évènements.
À propos des prises de paroles, la personne tirée au sort qui a parlé au nom des GJ a vendu de la soupe animaliste. Cela a choqué. D’autres GJ voulaient intervenir, mais certains d’entre nous les ont convaincus du peu d’intérêt de la chose.
Les Gilets jaunes quittent peu à peu la manif et passent le cordon de sécurité en se moquant de ses membres, en lançant des quolibets sur cette police bénévole, mais cela reste bon enfant dans l’ensemble, rien à voir avec le service d’ordre stalinien CGT/PC d’il y a 50 ans. Le SO d’Alternatiba c’est plutôt du style : « Mon Dieu, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».
La police tient les ponts. On discute un moment. Le mot d’ordre de « tous au centre commercial de la Part-Dieu à 17 h » circule et est relayé. On se disperse par petits groupes sans les gilets.
À l‘arrivée à la Part-Dieu, les cars de police sont là. Le filtrage est peu sérieux et nous passons sans encombre. Mais à peine passé un premier accrochage se produit entre deux ou trois Gilets jaunes un peu « chauds » et les vigiles. La situation tangue pendant dix minutes, le temps d’une petite bousculade. Nous repartons quand les premiers cris des Gilets jaunes se font entendre au-dessus. Et là, nous sommes bien environ 150 à débouler sur tout un étage et par les deux côtés. Les différentes sortes de vigiles sont comme fous furieux et pendant que les grandes enseignes comme les Galeries Lafayette et C & A ferment, de sérieux accrochages se produisent avec les vigiles. Ils ne doivent leur salut qu’à la relative modération des Gilets jaunes, qui cherchent à calmer afin de poursuivre le périple dans le centre commercial, ce qui est quand même le but principal.
Parmi les choses intéressantes, outre la réussite de l’opération, de notre côté, on a vu des gens aux étages nous applaudir et même des employés de certains magasins sortis sur le pas de porte et reprenant avec nous les « on est là… » et autres « pour l’honneur des travailleurs ». Des agents de sécurité de magasins souriaient.
Bon, une belle ambiance, un peu électrique quand même, car une manifestation dans un centre commercial, c’est toute la sécurité qui devient problématique. Certains vigiles affolés ont par exemple arrêté tout de suite la marche des escalators et fermé les grilles en fer qui séparent les espaces !
À 17 h 30 des bacqueux et policiers arrivent et bloquent une partie du cortège. D’après un médic qui est au contact, ils ont commencé à « marquer » des manifestants. Les grandes enseignes sont à nouveau ouvertes.
Les GJ sont dispersés et tournent dans le centre commercial pour reformer un groupe. Devant la difficulté à recréer un groupe, ils sortent et vont rejoindre de petits groupes amenés par le bouche-à-oreille, qui se retrouvent éparpillés entre gare SNCF, qui se trouve en face du centre commercial, du côté des bus face à une bonne trentaine de flics. Il y a alors eu 3 tirs de sommation et ils ont chargé. Ils se sont mis à courir matraque à la main et ils ont mis à terre un GJ en treillis (ancien légionnaire connu dans le mouvement GJ apparemment), l’ont ligoté et embarqué. Une dizaine de flics entouraient la scène de l’arrestation. La seule « faute » de ce GJ : avoir un mégaphone et avoir parlé de nos revendications devant cette flicaille. Après nous avoir dispersés, la police est retournée du côté du centre pour nous empêcher de rentrer et là on a attendu, essayant en vain d’attirer l’attention des gens qui passaient devant nous. Les entrées sont bloquées par les casqués qui fouillent à l’entrée et refoulent tout gilet jaune, mais laissent entrer les consommateurs.
L’ambiance est plutôt morose pour les manifestants, quand un groupe, sans gilets, se dirige vers la gare qui n’est pas bloquée. Il grossit rapidement et plus d‘une centaine de GJ s’y engouffrent, avec ou sans gilets, en chantant et criant des slogans. La manif ressort côté Villette, puis entame le trajet retour en plusieurs étapes. Pas de policiers à ce moment et à cet endroit-là. Mais brusquement un gros groupe de CRS s’engouffre dans la gare à la recherche des manifestants, dont la majorité est ressortie. Côté Villette ils contrôlent un porteur de drapeau. Ils semblent très mal à l’aise, car les Gilets jaunes sont en tenue de ville.
Des manifestants côté Part-Dieu attendent. Certains chassent un indic de leur groupe. Un mouvement se dessine pour aller au centre commercial. Les casqués, très nombreux, bloquent tout passage.
Il est 18 h 30 / 18 h 45 et les policiers commencent à plier bagage pour retourner au poulailler. Un petit groupe décide d’aller devant le centre commercial de manière totalement pacifique. Panique chez les vigiles.
Les grilles tombent. Pendant 3/4 d’heure, nous bloquons les 2 entrées du centre commercial. Des échanges ont lieu avec les vigiles et leurs chefs qui semblent en avoir de plus en plus marre de ces 2 samedis de perturbations.
À la différence de la semaine passée, la présence de la presse fera connaître cette action. Parions que la semaine prochaine, la préfecture prendra les mesures nécessaires pour interdire le périmètre.
CR AG Bourse de Lyon, le 20 mai
Une centaine de présents.
Après quelques interventions sur divers sujets comme le soutien au motard en procès et la question de savoir s’il vaut mieux, comme le souhaite la famille, ne pas faire de tapage autour ou bien comme le pensent les militants un peu habitués aux procès faire une défense politique, on en vient au bilan des manifestations du samedi.
Avec tout d’abord un CR optimiste de l’action sur Villefranche où la manifestation a quand même pu commencer grâce à l’appui des renforts lyonnais avant que les premiers gazages ne la dispersent. Pour ce qui est de la manifestation de Lyon les avis sont plus partagés. Certains font valoir que finalement il y a eu de la spontanéité avec des actions par petits groupes sur l’Hôtel-Dieu, TLM, la gare SNCF et le centre commercial Part-Dieu. Et ce malgré une répression assez forte de la part de la police, de la sécurité SNCF et des vigiles tour à tour. Mais malgré cela il y aurait eu des choses positives dans la mesure où il apparaîtrait une cassure entre forces de police, certains policiers faisant véritablement preuve de haine contre les GJ d’une part ; et d’autres qui acceptent de discuter et reconnaissent ne pas comprendre certains ordres et par exemple ceux reçus le jour de la manif nationale à Lyon où il y aurait eu volonté, de la part de la hiérarchie, de provoquer les manifestants par une présence trop rapprochée des forces de l’ordre. Cela c’est le point de vue optimiste, mais pour d’autres, la manif a été incapable de réaliser les objectifs de départ qui étaient fixés sur tract et qui pourtant étaient simples à réaliser à partir du moment où il y aurait pu avoir détermination et prise d’initiative + rapidité, par exemple pour s’infiltrer rue de la République et passer rue Bellecordière pour aboutir à l’Hôtel-Dieu au lieu d’aller se heurter massivement au bloc des forces de l’ordre, sans pourtant avoir envie d’en découdre avant de reprendre le sempiternel passage devant Gibert et l’axe Nord-Sud. Finalement visions optimistes et pessimistes se rejoignent pour signaler un manque de réactivité patent encore au moment de l’action vers le centre commercial que nombre de GJ a perçu comme trop violente alors qu’aucune violence n’a été commise, autre que celle de se rendre visible en tant que GJ sans vouloir consommer ou en troublant psychologiquement l’activité de consommateur.
Pour ce samedi, la question du rapport à la manifestation climat est implicitement renvoyée à la commission manifestation de mercredi. Il est simplement mentionné, par un membre du groupe Lyon-centre, une participation à la manifestation Youth for climate du vendredi, sans qu’il y ait la moindre réactivité de la salle tant la chose semble intéresser peu de monde (cela apparaît comme une entente formelle entre deux apprenties bureaucraties, celle des Youth anticapitalistes d’un côté, celle du groupe dirigeant Lyon-centre de l’autre).
Certains proposent de manifester une présence devant les bureaux de vote le dimanche malgré l’interdiction de manifester un jour d’élection. Pour les présents qui ne semblent pas trop y croire, l’action envisageable semble plutôt, si on en croît deux interventions, de faire obstacle à Macron par tous les moyens… c’est-à-dire en allant voter, contre lui et contre les trois listes se présentant comme gilets jaunes qui, en l’occurrence joueraient le rôle de « jaunes ».
Ensuite, le feuilleton de la commission « Convergence des luttes avec les blouses blanches » continue dans les mêmes conditions que d’habitude c’est-à-dire qu’on essaie de nous faire passer la sauce FO-SUD en attendant que le plat préparé par la CGT soit prêt et les GJ sont appelés à faire un peu de liant dans une sauce qui manque de consistance. On apprendra officiellement que cette manif convergence GJ/BB du samedi 2 juin sera en fait une manif syndicale déclarée avec une fausse déclaration de manif par les GJ à un autre endroit… mais qui n’aura pas lieu ! Devant certaines réactions outrées Le « grand » organisateur de ce coup fourré clame que ça a été avalisé et qu’il n’y a pas à revenir là-dessus, alors pourtant qu’il n’y a jamais eu qu’un accord de principe, mais pas pour cette combinazione.
L’appel syndical pour cette manif convergence est d’une banalité extrême, syndicalement votre, c-à-d générale autour de la défense du service public sans mentionner le moindre du monde les profondes inégalités hiérarchiques qui minent ce milieu. A côté le tract préparé par un ancien d’Article 35 sonne comme un exemple de simplicité percutante et appuie sur les conditions particulièrement difficiles du personnel aide-soignant, ceux qui là aussi sont « en bas », comme nous. Il n’appelle pas au boycott de la manif convergence, mais à y manifester une « identité » GJ qui reste autonome par rapport aux stratégies syndicales.
Des personnes viennent ensuite résumer le dialogue populaire autour du RIC et devant une question sur le contenu de ce débat un participant au dialogue se lance dans une explication technique de la faisabilité du RIC à partir de petits villages sans jamais aborder le contenu du RIC (sur quoi porte-t-il) ni par qui serait porté ce RIC au cours de son élaboration d’étape en étape. Toutefois on apprend qu’il y a été discuté de la possibilité de « RIC sauvages » par rapport aux RIC institutionnels, du moins on le suppose, mais ce point n’est ni explicité ni discuté. Un autre membre de la commission RIC dit qu’un texte résumant les travaux en cours est en préparation. Tout ça devant trente personnes qui sont restées jusqu’au bout.
Le livre L’évènement Gilets jaunes (Éd. À plus d’un titre – 172 pages – ISBN 978291 748661 0) est sortie, en voici la présentation :
Le caractère inattendu et atypique du mouvement des Gilets jaunes a souvent été souligné. Ce soulèvement échappe à tous les modèles. En effet, il n’est pas dans la continuité historique de ce qu’ont été les luttes ouvrières dans leur perspective émancipatrice, pas plus qu’il n’est en phase avec les revendications particulières d’aujourd’hui : néoféminisme, identités sexuelles, cause animale, décoloniale, etc.
Sans lien direct avec le travail, sans médiations politiques ou syndicales, sans chefs ni représentants, sans utopie, l’événement Gilets jaunes s’affirme avec une force collective inédite et il la conserve dans la durée. Les solidarités pratiquées sur les rondspoints, dans les blocages de péages et autres, dans les manifestations de rue et les assemblées populaires, expriment une aspiration à une communauté humaine sous la forme encore partielle de la lutte commune et du « Tous Gilets jaunes ».
Cette aspiration passe par l’exigence immédiate de justice fiscale et sociale, de pouvoir d’achat, d’égalité, de contrôle permanent des élus. Elle conduit le mouvement des Gilets jaunes à un affrontement direct avec l’État et son appareil de répression. Cette opposition générale à un État normalisateur, rançonneur et répressif n’implique pas le rejet de toute forme politique supérieure, mais exprime plutôt l’aspiration à une république plébéienne. Une forme potentielle, aujourd’hui tiraillée entre des références jacobines (la Constituante), des références de type démocratie directe (le RIC) et des références communalistes (l’appel de Commercy et l’assemblée des assemblées).
Sont rassemblés dans ce livre des textes d’intervention et des comptes rendus d’actions rédigés au fil de la lutte. Les auteurs sont des membres de la revue Temps critiques et des participants au collectif « Journal de bord » accueilli sur le blog de la revue. Tous sont protagonistes du mouvement des Gilets jaunes depuis l’acte II.
Compte-rendu de la manifestation du 18 mai à Lyon
À peine 300-400 personnes au départ de la place Antonin-Poncet. La proposition du jour s’appuie sur la possibilité d’un cortège, mais aussi de trois lieux d’actions, à des horaires parfois décalés dans le temps : 15 h au McDo vers l’Opéra, 15 h place de l’Hôpital devant l’Hôtel-Dieu et 17 h TLM/BFM. Finalement le rendez-vous au McDo est annulé au dernier moment par les initiateurs des points d’action, pour garantir un déploiement en grand nombre en privilégiant un seul site plutôt que deux en moindre force. Ce sera l’Hôtel-Dieu. Les quelques motards présents à 14 h ont eux disparu !
Le caractère grégaire du mouvement l’amène à avancer massivement vers la rue de la République, par ailleurs peu accessible pour cause de travaux. De petits groupes ont pourtant pénétré dans la galerie marchande de l’Hôtel-Dieu pendant que d’autres passaient en ordre dispersé devant les magasins de luxe, dont certains ont fermé, rue Bellecordière.
Mais le gros de la troupe n’a pas suivi et « occupe » la rue des Marronniers qui se vide immédiatement de ses touristes. Dans cette rue étroite, on fait nombre, mais il est enfantin pour la police de nous repousser et de « libérer » la rue ; retour à Antonin Poncet. Après une brève tension avec les forces de l’ordre, la manifestation prend la direction de l’axe Nord-Sud en direction du Nord. Mais on est bloqué à hauteur du pont de la Guillotière. Un face à face commence avec insultes habituelles. Un rendez-vous étant prévu vers TLM-BFM TV à 17 h la manifestation emprunte le pont de la Guillotière puisque, de toute façon, c’est la direction. La police nous pousse, mais sans précipitation.
Certains refusent de passer le pont (pour encore se retrouver à Gerland ?) et tentent de regrouper suffisamment de manifestants pour aller avec retard au rendez-vous du McDo en zone interdite. Finalement, il n’y aura qu’une poignée de personnes pour tenter le coup, car entre la peur des amendes et l’utilité de l’action, les cœurs balancent.
Certains préféreront rejoindre Saint-Jean en passant par l’Hôtel de ville pendant que d’autres feront finalement demi-tour pour rejoindre Bellecour après quelques courageux mètres rue de la République.
L’action fortement symbolique est courte, mais au moins elle s’est faite. La zone interdite n’interdit aucune action d’apparition/disparition de GJ.
Pendant ce temps avait lieu les premières grenades à la Fosse aux ours avec que les bacqueux qui « planquent » dans les petites rues adjacentes. L’étau se resserre pour pousser tout le monde vers Gerland comme d’habitude, mais ceux qui ne le veulent pas et qui refusent de stagner, peuvent passer facilement en direction de la place du Pont avant que le barrage de police ne coupe définitivement la route. Les manifestants discutent de part et d’autre du barrage de la police, mais ça n’a plus rien d’une manifestation. Les manifestants qui poursuivent vers la piscine sont gazés et chargés. Une trentaine de contrôles et quatre interpellations d’après le journal Le Progrès.
Certains sont restés au niveau du pont de la Guillotière et après rencontre se forme un groupe de GJ bien décidés à entrer dans le périmètre interdit en passant par la rue de la République.
Une trentaine de personnes avec gilets et aussi drapeau parcourent la rue de la République qui « est à nous » sans un flic à l’horizon et avec un bon accueil des badauds.Passage du pont Lafayette et manif sur la chaussée. Ambiance assez speed et motivée.Ce monde va remonter le cours Lafayette et croiser des groupes de GJ chassés de devant TLM. Il est décidé d’aller direction gare de la Part-Dieu rejoindre les forces qui seraient côté Villette.
En effet, les locaux de TLM étaient vides et c’est la direction gare de la Part-Dieu qui est prise pour une opération visibilité. Mais la police intervient rapidement et des manifestants sont pris au piège côté Villette, contrôlés, fouillés. Quelques actes de violence contre eux, mais rien de bien grave ; l’appui de la police ferroviaire, avec chien anti-stup, donne un aspect surréaliste à la scène, car il n’y a jamais eu la moindre velléité de violence ou même de vouloir forcer l’entrée de la gare de la part des manifestants.
La petite troupe qui elle arrive du cours Lafayette presse le pas vers la gare côté Vivier-Merle parce ce que c’est devenu un objectif. Voyant que la manif va pénétrer dans la gare, les flics en bloquent l’accès et utilisent du gaz au poivre. Une poignée de manifestants réussissent à passer en prenant de vitesse les flics, puis en dissimulant leurs gilets dans la gare bondée à cette heure-là. Alors que le reste de la manif reste bloqué par le cordon de flics, quelques personnes à l’intérieur décident de traverser la gare pour rejoindre le côté Villette et croisent de ces autres GJ qui eux arrivent en sens inverse. Marche arrière le côté Villette étant déconseillé.
La conséquence en sera quand même un retard relativement important des trains en partance de Lyon (de l’ordre d’une demi-heure).
Les GJ présents devant la gare tentent très spontanément, mais pas forcément de façon très discrète, une nouvelle action et partent rapidement vers le centre commercial de la Part-Dieu, gilets en poche. Une cinquantaine arrive à y pénétrer les autres sont bloqués par la fermeture des grilles. Les manifestants à l’intérieur sont expulsés et parfois molestés violemment par les vigiles et ce peu de temps après avoir mis leurs gilets.
Il est 18 h et la Part-Dieu semble être vidée par les vigiles et l’entrée côté Oxygène gardée par les policiers. Ils y a alors plusieurs mouvements classiques de leur part, mais ils sont d’une inefficacité totale, car les GJ sont dans la foule.
La grille principale est fermée et du côté Oxygène les personnes ont le droit à la fouille des sacs (au cas ou un GJ rentrerait).
Une dernière partie de manifestants se rend à l’hôpital Édouard-Herriot afin de distribuer des tracts (FO !) pour l’action en direction des hôpitaux pour le 1er juin.
La série d’actions de fin d’après-midi, non planifiées, a été un certain succès du fait de la spontanéité et de la détermination des manifestants (beaucoup de femmes à la pointe de l’action) mais aussi de l’existence de petits groupes se fondant dans la masse si nécessaire.
Compte-rendu de l’AG Bourse du Travail du 13 mai à Lyon
On est retombé à environ 120 présents, mais avec une différence, parmi ceux-ci plus de personnes des groupes autres que Lyon-Centre avec des TEO, des articles 35 et des personnes qui sont revenues à l’AG de puis la semaine dernière.
Comme d’habitude depuis que l’AG est en autogestion ça traîne avec des discussions par petits groupes jusqu’à ce qu’une personne se dévoue pour démarrer la séance en demandant un bilan de la manif nationale du 11 mai. S’en suivent des attaques contre les organisateurs officiels de la manif qui auraient demandé la dispersion en cours de manif, exposant ainsi les manifestants à la répression policière. Deux des organisateurs viennent dire qu’il n’en a jamais été ainsi, que c’est la police qui a signifié la fin en interrompant la marche en avant et en gazant, ce qui semble vraisemblable, mais évidemment le camion prêté par « Solidaires » ayant quitté la manif c’est apparu à beaucoup comme une désertion en rase campagne.
Après cette première passe d’armes, la discussion habituelle reprend sur « déclarée/pas déclarée » alors même que ce qui s’est passé ce dernier samedi montre bien que ce n’est plus le problème puisque même en dehors de la zone interdite nous sommes pourchassés. Néanmoins des motards viennent déclarer qu’ils ne reviendront que si la manif est déclarée, car ils ont subi des dégradations sur leurs motos… de la part de « casseurs ». Mais la manif était déclarée ! Alors ? Pour eux la solution semble être de faire la chasse aux « casseurs ». Situation insoluble, car si les motards reboostent bien les manifestants quand ils sont dispersés (ce que leur reproche d’ailleurs la police), ils ne servent à rien, voire gênent plutôt quand les choses se corsent et qu’ils se trouvent en tête de manifestation.
Le problème est plutôt celui du point de départ d’une manifestation non déclarée et de son trajet. Bellecour est proposé, car c’est toujours le point de départ symbolique et qui peut servir de point fixe répété pour ceux qui suivent de loin et ne vont que manifester, mais pour d’autres ce serait le « nassage » assuré.
Rien n’est vraiment tranché quand un organisateur de Lyon-Centre vient proposer que l’on se rende tous à Villefranche-sur-Saône pour lever le péage samedi matin alors que les GJ semblent y subir une répression particulièrement forte, du fait qu’ils n’ont plus aucune zone de manifestation et qu’ils se sont fait embarquer dans les fourgons au péage. L’idée pourrait être bonne dans la mesure où ce serait assurer une réciprocité par rapport aux caladois qui viennent tous les samedis à Lyon, mais la police pourrait très bien intervenir en amont sur routes et gares et bloquer les arrivées ; et surtout, cela ne règle pas la question de la manifestation lyonnaise, car les organisateurs Lyon-Centre font comme si tous les manifestants lyonnais habituels allaient se rendre à Villefranche, mais ils ne s’y rendront pas plus qu’ils ne sont allés épisodiquement à Valence ou Saint-Étienne pour les manifs régionales.
Sur ce point il semble ressortir que les deux initiatives ne sont pas incompatibles et que chacun choisira en fonction de ses envies ou de sa « stratégie » (il est clair que les GJ Lyon-Centre ne veulent pas d’une manif à Lyon sous leur responsabilité, sans se rendre compte qu’ils reportent le problème à la semaine suivante). Finalement ceux qui partiront pour Villefranche devront s’organiser en dehors de l’AG et de la commission-action pour laisser à celle-ci le soin de l’organisation de la manif lyonnaise que souhaitent les autres groupes et, semble-t-il, une majorité de l’assemblée.
Néanmoins, on apprendra, par les bruits de couloir et parce que la question leur a été posée directement, que les organisateurs Lyon-Centre du déplacement vers Villefranche n’ont pas reçu une véritable demande de la part des GJ concernés ! Étonnant quand même alors cette initiative, surtout quand on se rappelle, mais tout le monde ne semble pas le savoir, que dès la grande AG qui s’était déroulée en extérieur sur la place Guichard, des GJ caladois avaient fait part, certes pas au micro, de leur désarroi par rapport à la suprématie de membres du RN sur le péage de Villefranche, même s’ils agissaient discrètement. C’est une situation méritant au moins des informations plus précises et des précautions en amont de l’action.
Une personne de l’AG vient rappeler le texte lu par Article 35 la semaine précédente pour le retour à l’unité des groupes GJ et un membre référent de TEO vient proposer, dans cette optique, de constituer une AG départementale, par exemple tous les 15 jours, qui viendrait remplacer l’AG lyonnaise une semaine sur deux. Fortement applaudie cette proposition se voit critiquer par les membres de Lyon-Centre à partir de deux axes bien différents, le premier, en apparence technique, qui est que l’on a déjà bien du mal à s’organiser au niveau lyonnais et que cela serait encore plus difficile au niveau départemental et qu’il faudrait donc pour cela revenir à des AG plus structurées avec une partie de parole libre et une autre avec ordre du jour ; le second est qu’il y aurait incompatibilité de méthode entre, d’une part les GJ Lyon-Centre et les autres GJ de la région et qu’au minimum un code de bonne conduite devrait être établi pour des rapports respectueux, non agressifs, non-misogynes, etc. Pour caricaturer, à peine, d’un côté les pratiques « civilisées » (dixit), de l’autre la sauvagerie des « nique ta mère » et « enculés ». Deux mondes ! Deux peuples ! En filigrane, c’est la question de l’exclusion de certains qui est posée de la part de membres de Lyon-Centre qui trouvent la tendance actuelle (c’est-à-dire la tendance qui prédomine depuis la semaine dernière où sont revenus des « historiques » du mouvement des ronds-points et de Bellecour) trop inclusive (dixit là encore) et derrière ça, c’est une différence et une incompréhension de classe qui s’exprime entre d’un côté, ceux qui fantasment un « peuple » qu’ils ne connaissent pas, qu’ils idéalisent et dont, finalement, ils voudraient « normaliser » les comportements ; et de l’autre la violence sociale qui émanent de fractions populaires qui se lâchent loin de tous les politiquement corrects.
Une autre intervention essaie pourtant, de poser le problème autrement en disant que l’AG étant en autogestion c’est à elle-même de régler les différends au cas par cas et, en quelque sorte, de développer une « pédagogie de l’autonomie », qu’elle mène dans ses classes à l’EN et qui est la seule façon de préparer à des pratiques alternatives à celles de domination et répression. Donc, ne pas cautionner de pratiques violentes entre nous, mais ne pas en faire un sujet discriminant pour savoir qui est vraiment « digne » d’être Gilet jaune.
Pour résumer le groupe Lyon-Centre est plus pour la convergence externe avec ses semblables bien élevés de Youth for climate et Alternatiba, que pour un retour à une convergence interne entre les différents groupes de GJ.
De façon annexe une personne de Lyon-Centre vient vanter le mérite de la manifestation des femmes du dimanche qui s’est passée globalement dans la tranquillité et la bonne humeur. La manif a même pu emprunter la rue de la République (quel bonheur !, quelle victoire quand tout est fermé !). Plusieurs personnes, confirmant aussi des mails sur internete t et des posts sur FB, feront savoir leur opposition à une manif séparée et surtout à une manif séparée dont l’objet serait celui de la prétendue fragilité des femmes qui auraient du mal à manifester le samedi sous les gaz.
Manifestement (si on peut se permettre ce jeu de mots) et si on résume, pour le groupe GJ Lyon-Centre, la stratégie du mouvement doit tenir compte des « gosses » de Youth for climate qu’il faut protéger, des vieux qui marchent lentement, des handicapés qui ne marchent pas du tout et maintenant des femmes fragiles qui craignent les gaz. Et après on s’étonne qu’il y ait des vilains « machos » dans l’AG !
Compte-rendu de la manifestation Gilets jaunes à Lyon le 11.05.2019
14 h Place Bellecour
Départ 14 h 45 avec les motards en tête suivis d’une foule enthousiaste et joyeusement bordélique à 2000 (comptage fiable). Passage place Antonin-Poncet sans encombre et avec de nombreux jeunes qui ont pris la tête du cortège sans former pour cela un cortège de tête structuré. Remontée de la banderole de tête juste après le pont de la Guillotière alors que le camion sono reste à la traîne. La manifestation longe le quai Jules-Courmont sans incident, avec la police qui bloque toutes les rues adjacentes menant vers l’hyper-centre, sauf le passage Ampère, peu favorable à une percée. Elle ouvre aussi le cortège à l’avant comme dans toutes les manifestations cadenassées, mais avec discrétion : pas de contact serré ni sur les côtés ni devant, mais un train de sénateur qui oblige les motards jaunes à ranger leurs motos sur le côté pour cause de surchauffe à petite vitesse. Flottement juste avant de traverser le pont Morand, car une partie de la manifestation s’arrête un moment, avec des velléités de partir vers la place Louis-Pradel, donc l’hyper-centre, comme si elle pressentait déjà le passage du pont et l’autre rive comme quelque chose d’irréversible entérinant la soumission au trajet officiel. Mais finalement, passage du pont en bon ordre.
Engagement sur le quai Augagneur de 4000 à 5000 avec un énervement progressif de l’avant du cortège (le camion sono, toujours derrière, a été débordé par de nombreux manifestants déterminés) face à la stratégie policière qui fixe le rythme de marche. Premiers incidents véritables à hauteur de la rue Chaponnay et un tir de LBD dans le cœur de la manif avec comme résultat un blessé au front. Pluie de projectiles en réponse avec en riposte des lacrymos et grenades de désencerclement. Malgré tout cela va repartir, avec un petit temps de flottement au pont de la Guillotière, mais avec du monde pour coller au cordon de policiers autant que possible. La police recule sans que cela puisse être considéré comme une défaite de sa part, puisqu’on ne fait qu’accélérer le rythme pour les mettre physiquement en difficulté, car ils le font à reculons et qu’en plus elle recule… dans la direction où elle veut nous emmener, c’est-à-dire vers Gerland.
À la hauteur du chantier de l’université Lyon 3, investi par des manifestants, charge des CRS venue de très loin et qui se solde par de bons matraquages (dont un blessé au nez, qui a été de toutes les manifestations depuis des années…) et la prise de deux banderoles, dont au moins une servait aux manifestants à avancer et à se protéger de la furie policière.
Ça repart avec une attaque de la BAC qui part d’une rue perpendiculaire avant même l’Hôpital Saint-Luc/Saint-Joseph où le gros de la manif stagne, pendant que d’autres manifestants avancent vers l’avenue Berthelot. Des frustrés d’une manifestation sans alternative claire, détruisent les vitres de l’arrêt de tram et on a l’impression que la manif se vide.
La Préfecture informe les organisateurs de la manifestation que celle-ci n’est plus considérée comme déclarée et annonce aussi sur twitter, contre ce qui serait prétendument une fakenews : le préfet n’interdit pas la manifestation des #Giletsjaunes de se tenir, mais a demandé à @PoliceNat69 & à @Gendarmerie_69 de bloquer l’accès aux rues commerçantes de #Lyon pour éviter d’autres dégradations [comme si les rues de ce coin là du 7ème arrondissement étaient des rues « commerçantes »]. La #manifestation pourra toutefois continuer vers Gerland.
Les manifestants restants veulent quand même continuer la manifestation, sûrs de leur bon droit, refusant d’aller s’enterrer à Gerland, mais le piège est là. Devant Berthelot, 2 canons à eau, l’un sur l’avenue, l’autre sur le pont et grosse nasse. Une partie des manifestants, prête à enlever les gilets, rejoint les berges, les uns coté nord des berges, vont finir par se faire attaquer par les bacqueux tandis que dans l’autre sens ils sont poussés direction Gerland sans pouvoir sortir du « tunnel » mis en place. Les plus téméraires rentreront dans le dispositif habituel, étant poussés sans ménagement jusqu’à Gerland. Quelques-uns ayant eu connaissance, par tract, des points de repli intermédiaires en cas de dispersion, échouent à reformer un cortège sur ces lieux.
Pendant ce temps, sur les berges, à la hauteur de l’avenue Berthelot, les CRS se retrouvent débordés par la détermination des manifestants présents et se voient contraints de laisser passer une bonne cinquantaine de Gilets jaunes, sans heurts (tout cela se passant au moment de l’accostage impromptu d’un bateau de croisière juste au niveau du cordon policier, accostage applaudi par les GJ, pour sa précision). Mais les bacqueux, qui rappliquent rapidement, vont ramener tout le monde à la case départ à coups de matraque et de lacrymos.
Belle opération de la part des autorités et se pose la question simple de comment continuer à manifester à Lyon : 4 zones interdites et dispersion violente des manifestations autorisées, sous le premier prétexte venu (un quelconque projectile lancé que la police sait être un fait inévitable pourtant), avant même la moitié de son parcours. Sans initiatives avant le pont Morand la manifestation était condamnée à ne plus jamais revenir sur la Presqu’île.
De plus, le parcours fixé qui faisait terminer la manif à partir de 18 h pour un barbecue à Gerland, a été d’une part un outil de démobilisation de la manif et d’autre part, du pain béni pour les flics qui avaient une forme de légitimité à orienter les manifestants nassés, vers Gerland : le réconfort était au bout du chemin et de la matraque !
En comparaison, la manifestation des femmes GJ de ce dimanche a pu parcourir tranquillement un hyper-centre et une rue de la République déserts avec juste une ou deux voitures de police pour escorte. La préfecture n’est donc pas contre toutes les manifs et la zone interdite est fonction des jours (le samedi commercial, mais pas le dimanche touristique et culturel) et des manifestants (les fonctionnaires de jeudi oui, les GJ de samedi non).
Les GJ sont-ils les derniers ennemis intérieurs pour l’État ?
Au final plusieurs blessés GJ et, selon la presse, 9 interpellés
Compte-rendu de l’Assemblée générale à la Bourse du Travail, le 6 mai 2019.
Un nombre de personnes beaucoup plus important que d’habitude. Plus du double (environ 250 à 300 personnes). La diffusion du tract et nos discussions depuis une semaine ont porté leurs fruits. Finalement, pour ne pas diviser, on décide de tous monter à la Bourse et de ne pas se réunir en plein air, place Guichard, comme le voulaient au départ les personnes en rupture avec l’AG depuis un certain temps.
Les administrateurs de la liste GJ Lyon-centre qui laissent depuis quelques semaines l’AG en « autogestion » en ne lui imposant plus un ordre du jour préétabli, semblent avoir décidé de pratiquer la politique de la chaise vide, supposément mécontents du monde présent, car il y a des retours de Gilets jaunes qui ne sont pas vraiment souhaités vu les frictions et plus qui ont présidé aux départs.
Deux personnes sont toutefois à la tribune sans qu’on sache exactement ce qu’elles comptent y faire, enfin l’une si qui joue la cheffe, mais qu’on ne laissait plus faire depuis plusieurs semaines, mais l’autre (C) était a priori venue pour contester le leadership du groupe Lyon-centre, mais pas pour le remplacer ou alors c’est que nous avions mal compris ce qu’elle nous disait à une réunion préalable qu’on avait eue avec elle et les personnes qui l’accompagnent.
Alors qu’on a appelé par un court tract à venir en nombre à l’AG, sur la base de la proposition de C. de poser la question : « Quelle urgence pour le mouvement des Gilets jaunes », une question ouverte permettant de dégager un ordre de priorité et de se recentrer sur ce qui pourrait être, d’un commun accord, reconnu pour essentiel à court terme, c’est un engagement qu’on va être incapable de tenir, alors qu’il était le seul ne pouvant souffrir le reproche (non fondé, mais ça c’est nous qui le savons) d’une sorte de putsch contre la direction de l’AG, c’est-à-dire contre le groupe Lyon-Centre.
Ne l’ayant pas assuré et voulant quand même répondre à une attente de la salle on est alors tombé dans le piège du procès de cette direction, à travers la critique de la manifestation commune avec les Youth for climate, à partir de deux axes : d’abord celui de la fausse convergence puisque les Youth étaient très peu nombreux et encore relayés par les Alternatiba ; ensuite parce que leur présence avait été prétexte à déclarer la manifestation, une manifestation inoffensive, saluée par le préfet dans les colonnes du journal Le Progrès comme un exemple de collaboration harmonieuse entre forces de l’ordre et organisateurs de la manif.
La discussion s’est poursuivie autour des manifestations et spécialement de la manifestation nationale à venir, le 11 mai à Lyon. Le débat a tourné autour de la nécessité de déclarer ou pas avec les mêmes arguments que d’habitude même si se dégageait parfois l’idée que ce n’était pas la vraie question, mais plutôt de savoir si on voulait une manifestation active, et exprimant une force faisant pression d’une manière ou d’une autre, ou bien simplement amener du monde pour faire masse ce qui serait aussi une forme de pression. La discussion a aussi été biaisée par le fait que pour certains dans la salle, déclarer correspondrait au caractère pacifique du mouvement, ne pas déclarer au caractère violent de certains de ses protagonistes, une contre-vérité flagrante puisque pendant longtemps ce qui a justement caractérisé les manifs GJ a été de ne pas déclarer et les déclarations ne sont venues qu’après coup, surtout à Paris, à partir du moment où déclarer était, en raison du dispositif policier, la seule possibilité qu’un cortège se forme.
Un copain est, pour sa part, intervenu en faisant remarquer que la question de la déclaration ou non est aujourd’hui secondaire depuis qu’un périmètre d’interdiction est fixé dans « l’hyper-centre » par la Préfecture et que ce périmètre peut s’agrandir à volonté, comme ce sera le cas ce 11 mai. Qu’on manifeste ne les dérange donc pas plus que ça, que la manifestation soit déclarée ou pas, à condition qu’on respecte le périmètre. Et là est bien la question, même si n’a pas été directement abordée en AG la question de possibles débordements en zone interdite.
Un membre du groupe Article 35 va ensuite lire une déclaration générale signée par les groupes GJ Teo, Feyzin, Tarare, Givors, Périphérie de Lyon, Article 35, Collectif ACT, appelant à une plus grande unité, à la fin d’une certaine mainmise sur le mouvement par le seul groupe GJ-Lyon-Centre et particulièrement à l’ouverture de la commission Action qui serait le nerf de la guerre du mouvement. Le porte-parole du texte cherchera à faire voter ce texte, mais en vain, car cela paraît d’une telle évidence que beaucoup ne voient pas l’utilité de ce vote et puis, seconde raison, parce que certains des présents, dont nous les personnes du Journal de bord, se sont tellement opposés aux divers votes bidons imposés par le groupe GJ-Lyon-Centre dans les multiples AG précédentes qu’il paraît difficile d’y appeler maintenant, sous prétexte qu’on serait « majoritaires », à soutenir le texte. Dans les faits cela revient au même puisqu’une proposition demandée par G. de création d’une commission spéciale Manifestation va être avalisée sans vote sous la forme d’un élargissement de la commission Action à partir d’une feuille qui circule pour inscription des « volontaires » pendant le déroulement de l’AG. Cela devrait être effectif à partir de la réunion du 9, la commission Action qui était une sorte de commission fermée avec parrainage des entrants devenant une commission ouverte.
À la fin de l’AG, alors que les rangs se sont assez dégarnis et que les GJ de périphérie ont déjà regagné leurs bases respectives, le principal représentant de GJ Lyon-Centre fait son apparition en disant qu’il vient d’avoir la Préfecture, que celle-ci a agrandi le périmètre interdit et grosso modo « démerdez-vous avec ça ». Il se félicite ensuite du fait que la presse a donné une bonne couverture médiatique à la manifestation commune avec les Youth for climate (sans s’attarder sur le pourquoi de la chose, alors que quand on est seul, elle nous maltraite) et qu’ainsi les « mômes » (veut-il parler de collégiens, il y en avait pas, de lycéens, une poignée, d’étudiants, deux poignées, de lui-même, étudiant ?) aient pu manifester tranquillement à l’abri des gaz, du fait de la manifestation déclarée. Toute sa reprise en main de l’AG avant sa dispersion vise à se faire applaudir sur la base « nous on se bouge le cul ».
Cette fin d’AG pourrait être jugée décevante, mais finalement non, puisqu’à l’extérieur de la Bourse, une cinquantaine de personnes ont continué à discuter par petits groupes, à essayer d’aplanir les différents, à expliquer pourquoi l’AG n’avait pas fait le procès du groupe Lyon-Centre mais qu’il fallait absolument revoir le fonctionnement de l’AG et plus généralement du mouvement GJ dans la région de façon à ce qu’il y ait vraiment un collectif de groupes et non que chaque groupe tire de son côté.
De notre point de vue c’est donc une réussite puisque c’est ce que nous voulions. Que le groupe Article 35 et les signataires du texte lu en AG soient déçus du non-vote de leur texte proposé ne paraît pas très important puisque d’une part, ils ont été félicités de leur texte par certaines personnes à la fin de l’assemblée ; et que d’autre part, ils appellent à continuer vers un travail en commun et transforment l’appel en acte avec leur décision de participer à la commission Action élargie du 9 mai.
Compte rendu de la manifestation du 4 mai 2019
Démarrage à 250 à Jean-Macé dont 50 des co-organisateurs… belle mobilisation donc même si les rangs vont augmenter petit à petit, mais nous ne dépasserons pas les 500 présents.
14 h Jean-Macé
Le parcours sera sans surprises : Saxe Gambetta, avenue Maréchal de Saxe, Pont-Morand après avoir contourné la place Maréchal-Lyautey (il y en a des maréchaux !), passage par le bas de la place Louis-Pradel. Petit temps mort pour une partie du cortège au niveau de la rue de la République, toujours bien interdite, mais malgré un nombre de flics assez réduit cela ne prend pas. Au mégaphone une personne gueule « c’est par là la manifestation » et sans conviction on repart des Terreaux au quai de la Pêcherie jusqu’à Bellecour. La manif s’étire comme si la pénibilité de celle-ci se retrouvait ainsi concrètement.
À Bellecour ceux qui ne sont pas rompus par la mollesse de cette manif vont se regrouper devant la rue de la République et les différentes grilles, celles des flics, mais aussi celles des travaux en cours. Faut-il passer par un des passages qui existent et pour quoi faire ? Cela hésite alors que les flics ne sont pas légion, notamment devant le McDo, jusqu’à un gazage habituel, mais précédé de sommations des GM. Rabattage sur la place Bellecour, mais un mouvement va faire aller tout le monde sur Antonin-Poncet de façon un peu pavlovienne. Vers 17h30 tout est fini.
Une manifestation anecdotique sauf pour les communicants en herbe que l’on a pu voir dans Le Progrès avec le portrait de Macron en effigie. Ils ne peuvent pas dire qu’ils sont venus pour rien eux. Le vide de cette manifestation est affligeant, mais couru d’avance et aura fait perdre des forces à l’ensemble du mouvement lyonnais, que ce soit en AG, en commission ou sur Facebook. Cela n’a pas mobilisé et cela signifie bien l’échec de la convergence à moins d’estimer qu’un carré de tête « convergeant » est une grande victoire pour un mouvement populaire !
Retour sur le 1er mai à Toulouse : de 20 à 25000 manifestants ?
Cortège GJ très important, ce n’est même pas une tête de manif, c’est la moitié du 1er mai… banderole : SEPARATION DU MEDEF ET DE L’ETAT (j’étais surprise, c’était un slogan / banderole utilisée par les CIP (Coordinations intermittents précaires chômeurs)… combat de sonos entre la cgt (discours + chants) et des GJ perchés sur un container… peu après le camion de la CGT + la grosse boule rouge.. A l’audimat du son on a gagné… Le cortège de la CGT s’est arrêté à l’endroit prévu, et des GJ ont continué… les flics étaient présents, distants, tout au long du cortège, interdisant certains accès. Le cortège a poursuivi son chemin jusqu’à une fête/lieu de rencontre organisée chaque année sur une des pelouses bordant la Garonne BAZAR DE BAZACLE, mais malgré l’appel sono de qq un.es pour les faire glisser au bord de la garonne, peu s’y sont engouffrés et là le plus gros du cortège a franchi le pont des catalans, a poursuivi vers St Cyprian où les flics les ont bloqués.. .. Impossible de revenir vers le centre, tous les ponts étant bloqués (ça vous rappelle pas qch).. ils ont été poussés vers le canal du midi, et à 18h le petit nombre qui était parvenu à rejoindre le centre s’est confronté à d’importants barrages empêchaient l’accès au centre, ça sentait le gaz…
Compte-rendu de manifestation du 1er mai 2019 Lyon
Sans doute un peu plus de 10 000 personnes et entre 3000 et 4000 Gilets jaunes.
La manif était prête à partir à l’heure prévue, GJ en tête quand la CGT a tenté une manoeuvre pour imposer la banderole syndicale en tête. Plusieurs groupes de GJ s’y sont alors opposés pendant que des administrateurs de la liste GJ-Lyon essayaient de maintenir le contact positif avec la CGT tout en ne respectant pas les GJ en désaccord avec diverses remarques du type « soyez encore heureux qu’on vous tolère dans la manifestation !
Les Gilets jaunes ont quand même pris résolument la tête du cortège. Certains GJ se retrouvent aussi en fin de manif avec les Alternatiba. Quelques cégétistes en gilets jaunes + des gilets rouges bariolés de jaune.
Les motards GJ prennent la tête du cortège à leur tour, une grande première pour le 1er mai.
Côté GJ la manif va avancer lentement, parce que la CGT et la banderole syndicale unitaire freinent des quatre fers pour ne pas être mélangées, mais avec une rare densité qui lui donne sa force d’impact. Du coté Gilets jaunes des banderoles, tendance black bloc, paradent : « ça va être tout noir », « vénèr.e comme un.e gilet jaune », etc., et elles vont aussi densifier et donner le rythme à une partie du cortège. Rien à signaler de particulier si ce n’est des bacqueux que l’on voit courir le long des rues parallèles à l’avenue Jean-Jaurès.
Arrivés rue de la Barre, près de Bellecour, les premiers incidents se produisent. Des jets d’œufs pleins de peinture sur l’Hôtel-Dieu entraînent des jets de grenades lacrymogènes sur la foule et quelques coups de matraque au hasard. À Bellecour même, a lieu une interpellation à l’avant qui s’est vue détaché du reste du cortège.
La foule arrive à Bellecour vers 12 h 15 et les libertaires essaient de rejoindre leur traditionnel lieu de pique-nique du 1er mai, la place Sathonay. Ils veulent prendre par les quais de Saône, qui évite la zone interdite de l’hypercentre. Peine perdue la police a établi son blocus aussi à cet endroit. Des camionnettes de flics bloquent l’accès au pont Bonaparte. Des petits groupes sont alors au plus près dont des Gilets jaunes qui attendaient sur la place l’heure (14 h) du rendez-vous de l’après-midi à Saint-Jean. Après un temps d’interrogation quelques personnes demandent aux présents devant les flics de reculer car il faudrait « laisser la place à la banderole unitaire ». En fait la « banderole unitaire » est celle de la CGA/AL plus la CNT qui jusqu’alors se tenait à bonne distance en ne se mélangeant pas avec les Gilets jaunes sûrement trop téméraires… Nous sommes dans les 400-500 en face à face avec les GM. Il est donc demandé aux présents de reculer et un passage est donnée par les GM qui ont, entre temps, bougés un camion. Ce passage va se refermer très vite suite à une poussée qui menaçait de laisser passer collectivement tout ce monde : gazage. Une cinquantaine de manifestants dont la banderole « black vioque » ont eu le temps de traverser les cordons et se retrouvent derrière le barrage qui s’est reformé, car, la pression des manifestants n’a pas duré. Les chefs de la CGA/CNT, au milieu des flics, relayent alors la proposition policière qui serait de laisser un passage au compte-goutte tous démasqué et… avec une garantie de n’interpeller personne ! Refus collectif au son du « tous ensemble ! ». Il n’y aura pas de nouvelle poussée de ce côté-ci, la CGA/CNT ayant été inqualifiable. Le petit groupe coté pont Bonaparte repasse le barrage de GM dans l’autre sens et rejoint la manif.
Rapidement retour au contact pour des Gilets jaunes et des militants autonomes mais un mouvement de repli général se concrétise par une tentative de passage en force des manifestants par la rue Émile-Zola, même si elle se trouve dans le périmètre interdit. Quelques-uns passent, mais le gros de la troupe est stoppé et gazé à peine 5 mn après la présence au contact. Un manifestant est blessé au thorax par une balle de LBD. Les camions de la CGT sont à cinquante mètres de la scène et alors qu’ils appelaient encore, dix minutes auparavant, à aller consommer à leur stand voyant cela ils plient les gaules rapidement. Une altercation entre un camarade et un responsable CGT a lieu qui manque de mal se terminer vu l’agressivité du cégétiste.
La manif s’ébroue vers Antonin-Poncet, seule porte restée libre vers l’extérieur puisqu’elle nous éloigne de l’hyper-centre. Tout ce monde s’élance sur le quai Gailleton. Les manifestants tentent de prendre une rue perpendiculaire en direction de la rue Victor-Hugo, mais la police les repousse en balançant des lacrymos et supporte en retour quelques jets de canettes vides. Puis à hauteur du Sofitel, un cocktail Molotov touche un CRS entre le bouclier et son armure, il serait légèrement brulé.
La BAC, à partir de la rue perpendiculaire, riposte alors de façon complètement disproportionnée en arrosant littéralement de gaz la manif, qui pourtant passe tranquillement. De nombreuses personnes sont fortement incommodées, une jeune femme fait une crise de panique avec de grosses difficultés à respirer. Le gazage est tellement fort qu’avec le vent les bacqueux sont eux-mêmes cassés en deux.
Le personnel du Sofitel a laissé des manifestants entrer afin de les protéger tout en leur distribuant de l’eau alors que Le Progrès, dans un article plus indigne qu’infâme, signale l’air de rien que les manifestants auraient répandu de l’huile sur ou devant le Sofitel.
Les gendarmes mobiles regardent ça sans trop (chercher à) comprendre alors que les bacqueux courent de tous les côtés et prennent la rue de la Charité en direction de Perrache. La dispersion des manifestants est grande sans compter ceux, nombreux, qui récupèrent et ne peuvent s’échapper, nassés par des cordons de GM qui empêchent toute échappée possible. Ce n’est qu’au bout d’un moment que la police autorise les manifestants, encore suffocants, à prendre le pont de l’université et les pousse en direction du trajet habituel Berthelot/Gerland. Nouveau gazage au niveau des facs. Si certains manifestants continuent sur Gerland, d’autres, tenteront un retour discret par les berges du Rhône qui comme le quai sont fermées par des cordons de GM.
Peu avant 14h, plusieurs Gilets jaunes exercés au technique de dissimulation et au fait des consignes de ralliement avaient commencés à se diriger, par grappe, en direction de Saint-Jean. Après un long moment à attendre le reste des troupes, une petite centaine décide de quitter le lieu pour rejoindre le reste de la manif en passant par Bellecour. Arrivés sur les quais, ils traversent le pont du Rhône mais un point de fixation se forme à la Fosse aux ours. Des désaccords se font jour sur la démarche à suivre compte tenu de la situation des autres GJ en difficultés à Berthelot. Certains sont pour rejoindre et se risquer dans les méandres du terrain de jeu favori des forces de l’ordre (Jean-Macé/Gerland) d’autres pour poursuivre vers le 6e ou le centre en jouant la carte de la diversion opportuniste. Face à la frustration, le point de fixation se transforme en point de blocage concret, nous envahissons le carrefour ce qui provoque un bon embouteillage. Des automobilistes enragés et autres vénères vont jusqu’à tenter de faire la circulation et cherchent des embrouilles aux manifestants. Finalement l’arrivée de la cavalerie en bleu va amener les manifestants à se déplacer place du Pont (Gabriel-Péri), puis suivis de près, rue Paul-Bert, avenue de Saxe avant de faire l’erreur de vouloir couper vers la rue Vendôme qui permet aux flics de mettre un gros coup de pression et amène du monde à retirer le gilet. En ordre dispersé certains vont alors remonter vers Saint-Jean qui s’annonce comme le plan de repli.
Pendant ce temps d’autres groupes de manifestants rejoignent Saint-Jean, d’autres en partent, et d’autres arrivent encore, croisant ceux qui en partent. Une sorte de carrousel permanent. Aucun des « organisateurs » de la manif ne se trouve là pour garantir l’effectivité du rassemblement, même s’il a deux heures de retard. Certains sont place Antonin-Poncet à attendre je ne sais quoi et à se concerter, comme paralysés du fait que la police leur aurait signifié l’impossibilité d’aller sur Saint-Jean ce qui s’avèrera faux, même sans quitter les gilets jaunes. Finalement nous nous retrouvons entre 150 à 200 suivant les moments dans la rue Saint-Jean à partir de 17 h et nous déambulons jusqu’à 18 h 30 avec diverses stations comme place du Change.
Pour terminer, certains proposent de traverser la Saône pour tester la réalité du périmètre interdit. La proposition ne rencontre pas d’enthousiasme : lassitude, fatigue, manque de détermination ? Une dizaine de manifestants tentent le coup. Pas un policier à pied, des cars de police passent devant nous sans même nous regarder ; ils rentrent au bercail. De la valeur de l’autosuggestion !