La beauté capitalisée

Pour la critique sociale portée par les mouvements révolutionnaires historiques, l’art n’a que rarement été considéré comme un terrain de lutte décisif. Si la question des « modes de vie » est toujours restée, aux yeux des militants comme des théoriciens, une dimension politique et morale essentielle, la transformation de la vie quotidienne et notamment son cadre esthétique devait quasi automatiquement accompagner la dynamique révolutionnaire. Bolchevisme et national-socialisme promurent un art d’État qui accroissait leur pouvoir sur la société mais il resta un art relativement séparé des rapports sociaux concrets et quotidiens de la majorité des individus.

Il n’en va plus de même aujourd’hui avec « l’art contemporain ». Les dispositifs, les installations, les interventions dites artistiques qui occupent les espaces privés et publics visent désormais à produire un effet de « sidération » sur le plus grand nombre. C’est là, pour Annie Le Brun, une des opérations idéologiques autant qu’émotives que l’union entre le capital et l’art conduit à grande échelle. Dans son dernier livre, Ce qui n’a pas de prix, elle expose les causes et les conséquences de cette conquête des sensibilités par ce qu’elle nomme une « esthétisation du monde ».

Dans le texte ci-dessous Jacques Guigou analyse les forces et les faiblesses des thèses d’Annie Le Brun. Comme il y a plus de vingt ans, il avait déjà mis en évidence les mutilations de la vie par « le plaisir capitalisé », il désigne aujourd’hui les ravages de « la beauté capitalisée » telle que la dénonce Annie Le Brun. Toutefois, la forte portée politique des nouvelles notions critiques avancées dans Ce qui n’a pas de prix coexistent avec des fluctuations et des incertitudes concernant la question de la valeur.

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Art et révolution – hier et aujourd’hui

Ci-dessous un commentaire actualisé de D. Hoss au texte Révolution à titre humain et tension vers la communauté humaine de J. Wajnsztejn paru sur ce blog en mai 2018 proposant, en réponse à plusieurs sollicitations et demandes de précisions, une synthèse de cette double perspective, présente dès l’origine de la revue, de manière implicite ou explicite dans des articles et interventions, mais jamais exposée ainsi dans un même texte.

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A propos de l’Aufhebung chez Hegel et Marx, la question du dépassement

Le texte qui suit est une réponse au texte « Le criticisme est-il curatif ou antiseptique ? » de B.Pasobrola de septembre 2015 continuant les développements de la série de texte suivant :

Partie I – Puissance du capital et captation
Partie II – Dépassement, englobement et couple imaginaire/rationnel
Partie III – Temps et durée, rationalisation et autonomie
Partie IV – Raison, totalité et universalité
Partie V – Social-historique ou imaginaire social

D’échanges centrés sur la notion de dépassement B.Pasobrola d’une part et JW/Laurent d’autre part, en arrivent à de profondes divergences. Remettant en cause le rattachement critique aux « Lumières » et à l’universalisme de Temps critiques, B.Pasobrola propose de se détacher de toute lecture rationaliste pour lui préférer celle entamée par C.Castoriadis à partir des années 1970 et centrée sur l’imaginaire social, cette dernière notion maintes fois critiquée au sein de la revue par J. Guigou…
Cette réponse a d’ailleurs fait l’objet d’autres développements en liaison avec un travail de J. Guigou sur la portée actuelle des thèses de Hegel. Le tout sera rassemblé dans un ouvrage à paraître à l’automne 2016 aux éd. L’Harmattan (titre probable : La dialectique à bras le corps).

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Le criticisme est-il curatif ou antiseptique ?

Le texte qui suit est une réponse de B.Pasobrola au dernier texte de J.Wajnsztzejn et Laurent Partie IV de la critique du dépassement : « raison, totalité et universalité » publié sur ce blog dans la série de texte suivant :

Partie I – Puissance du capital et captation
Partie II – Dépassement, englobement et couple imaginaire/rationnel
Partie III – Temps et durée, rationalisation et autonomie
Partie IV – raison, totalité et universalité.

De cette série d’interventions autour de la notion de dépassement, B.Pasobrola note l’impossibilité qu’auraient JW et L. à se passer justement de cette conception hégélo-marxiste de l’Aufhebung. Il relève, dans leur derniére intervention : « Raison, totalité et universalité » (partie IV), un attachement à Hegel et sa raison dans l’Histoire alors qu’il propose pour sa part un détachement de cette lecture rationaliste à partir de C.Castoriadis et son approche en terme d’imaginaire social.

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Social-historique ou imaginaire social

Suite d’échanges qui apprécie différemment le legs des écrits de C.Castoriadis. Interrogations donc sur ce qu’il est possible de retenir de ces écrits qu’ils soient issus de la revue Socialisme ou barbarie (sous les pseudo de Chaulieu puis Cardan) qui reste pour nous une référence critique même si elle doit être appréciée dans ses forces et limites, mais aussi de livres comme Les carrefours du labyrinthe (signés Castoriadis) qui posent des problèmes importants à propos du concept d’imaginaire social d’une part et nous renvoient d’autre part à notre discussion plus générale autour de notre héritage hégéliano-marxiste, des questions de continuité et discontinuité historiques etc.

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Des rapports entre théorie et pratique

Dans sa dernière lettre du 3 mars 2015, Dietrich Hoss répond à une critique de J.Wajnsztejn parue dans ce qui est la partie IV de la discussion autour de la rationalité. Cette critique concernait la tendance de D.Hoss, dans sa dernière conférence, à évacuer toute dialectique négative au sein de la pensée critique sous prétexte qu’elle conduirait automatiquement à la coupure théorie/pratique que l’École de Francfort avait provoquée puis subie avec les mouvements contestataires des années 60.
Dans sa réponse, nous pensons qu’il ne répond pas sur le fond (c’est-à-dire « qu’est-ce que la critique aujourd’hui », que ce soit sous sa forme théorique ou pratique) mais simplement en faisant remarquer que Temps critiques se tiendrait en dehors de toute pratique. Assertion que nous trouvons injustifiée.
Cette nouvelle réponse de JW est une tentative d’éclaircissement sur ces deux points qu’elle replace aussi dans leur évolution historique. Keep reading →

Critique du « dépassement » – Partie IV – raison, totalité et universalité

Quatrième partie de l’échange dont la source se trouve dans la proposition d’éditorial de Jacques Wajnsztejn pour le n° 17 de la revue : « Sur la politique du capital ».


Bernard,

Je (JW) repartirai du point d’arrivée de la lettre de Bernard (cf. partie III de la correspondance sur le blog). Il n’y a pas un corpus figé de Temps critiques et d’ailleurs Laurent ne s’y réfère pas puisqu’il ne connaît la revue que depuis le n°16 et que les références communes qu’on possède sont celles des groupes informels de la gauche communiste des années 1970 (Négation et Crise Communiste + Invariance) donc bien antérieures au projet de la revue. Keep reading →

Recension sans privilège

Nous reproduisons, ci-dessous, deux articles de Marie-Claire Calmus pour leurs rapports avec le livre de J.Wajnsztejn Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme et ce qu’il implique. Le premier texte est une des (rares) recensions du livre (l’OCL en a aussi produit une dans leur journal Courant Alternatif) dans la revue l’Émancipation. Le second texte rejoint nos préoccupations sur la réception actuelle des livres touchant au questions sur les théories du genre de façon critique. Pour exemple, on constatera que la simple annonce de notre débat à la librairie Publico de la FA à Paris (voir sur ce blog) n’a pas été acceptée par Paris-Luttes Info.

Bonne lecture

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